”Sainte Kéthévan vécut pour le Christ au 17e siècle, dans une Géorgie déchirée par l’affrontement de ses deux puissants voisins, l’empire ottoman et la Perse de chah Abbas le Grand. La famille royale elle-même était divisée sur la politique à suivre. Certains princes avaient été élevés en Perse, d’autres en Turquie, ce qui entraînait des choix différents, préjudiciables à leur patrie. La princesse Kéthévan avait épousé le fils aîné du roi de Géorgie Alexandre II, David, qui mourut en 1601, laissant un fils promis à un glorieux destin, Théimouraz, lequel fut envoyé à la cour de Perse pour parfaire son éducation. Constantin, le frère du défunt roi David, était un homme sans scrupule et plein d’ambition. Il se convertit à l’Islam chiite et, sur la proposition du chah Abbas, il assassina son propre père, Alexandre, pour régner sur le pays de Chirvan. Une fois accompli ce forfait, il offrit à Kéthévan, veuve de David, de partager le trône avec lui. Refusant cet odieux marché, la pieuse reine rassembla une armée contre ce traître qui fut tué dans la bataille. En 1606, ce fut donc le jeune Théimouraz qui, de retour de Perse, reçut la couronne. Son voisin le roi de Carthlie, Luarsab II, entretenait les meilleurs relations avec lui, car la même foi fervente les unissait.

En 1614, après de nombreux complots ourdis contre les deux rois chrétiens par le chah Abbas, celui-ci envahit leurs royaumes, déportant et massacrant les populations, profanant les églises et détruisant de ses propres mains les croix et les icônes. Luarsab et Théimouraz trouvèrent alors refuge auprès du roi d’Iméréthie qui refusa de les livrer aux Perses. Cependant, par une ruse perfide, le chah s’empara de la personne de Luarsab et le jeta dans une forteresse de Chiraz où il mourut étranglé en 1622, après un long martyr [L’Église honore sa sainte mémoire le 21 juin, avec celle du roi Artchil II (668-718), martyrisé lui aussi pour sauver la conscience chrétienne de son peuple].

Pour réduire Théimouraz, chah Abbas avait envahi le territoire de Gandja en 1615. La reine Kéthévan, mère du malheureux souverain, se rendit alors à la cour de Perse accompagnée de ses jeunes petits-fils, Levan et Alexandre, afin de persuader le chah d’épargner la Géorgie. Abbas y consentit à condition de garder les deux jeunes princes en otages; mais il ordonna plus tard de les castrer. L’aîné en mourut, le plus jeune en perdit la raison. Quant à la malheureuse Kéthévan, elle endura dix années de captivité, pendant lesquelles elle se prépara, par l’ascèse, à subir le martyre. Ayant refusé de se convertir à l’Islam, elle fut soumise à de terribles tortures et son corps fut déchiré au moyen de crocs et de broches incandescentes. Avant chaque supplice, la sainte faisait le signe de la Croix, en disant : « Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » . Finalement, on lui riva sur la tête un chaudron rempli de charbons ardents, qui lui provoqua d’horribles souffrances, et ses bourreaux l’achevèrent en l’étranglant au moyen d’une corde d’arc. Après ce glorieux martyre, qui eut lieu à Shiraz le 22 septembre 1624, on raconte qu’un divine lumière entourait la tombe de la sainte reine Kéthévan.