”Saint Abda vécut sous le règne de Théodose le Jeune, empereur des Romains (vers 420) et de Jezdgerd Ier, roi des Perses. Il vivait parmi les Perses idolâtres et essayait par bien des moyens de les convaincre de renoncer au culte des idoles, mais sans résultat. Aussi, saisi d’un zèle divin, Abda se rendit-il un jour au temple où le roi avait coutume d’offrir ses sacrifices et, après avoir renversé le feu sacré, il incendia le temple. Le roi en fut très irrité et, poussé par ses notables et ses mages jaloux des pouvoirs que Dieu accorde aux chrétiens, il prescrivit dans tout son royaume de détruire églises et monastères, d’y supprimer tout culte, d’arrêter les prêtres et les clercs et de les traduire devant la cour royale. Comme Abda et ses compagnons étaient présentés enchaînés devant le roi, celui-ci leur demanda : —« Pourquoi méprisez-vous nos commandements et ne vous soumettez- vous pas à la doctrine que nous avons héritée de nos pères ? » Les confesseurs répondirent : — « Nous ne suivons pas la doctrine des hommes, qui demande d’adorer de nombreux dieux, les éléments et la lumière, mais de mépriser le Créateur du monde entier. Nous, nous adorons l’Auteur de l’univers et nous lui soumettons les créatures qu’il a mises à notre service. Nous voulons que les créatures de Dieu nous honorent, c’est pour cela que nous adorons et vénérons leur Créateur. » Le roi confus demanda à Abda et à ses compagnons de reconstruire le sanctuaire du feu sacré, sous peine de détruire toutes les églises. Comme ils refusaient, on les soumit à la torture. Quatre soldats se saisirent de saint Abda et lui frappèrent tout le corps avec des bâtons enflammés. C’est ainsi que le bienheureux évêque acquit la couronne du martyre.
Cet événement marqua le début de la grande persécution que les Perses menèrent contre les chrétiens pendant plus de trente ans. Nombreux furent ceux qui eurent alors les mains, les oreilles ou d’autres membres coupés pour le Christ. À d’autres on écorcha la peau du visage, à d’autres on enfonça des baguettes pointues dans tous les orifices du corps ; d’autres encore furent jetés pieds et poings liés dans des fosses profondes, où ils furent dévorés par les rats et autres animaux… Parmi ces généreux athlètes du Christ, on compte aussi le diacre Benjamin, compagnon de saint Abda (cf. 13 oct.), saint Hormizd et saint Sounin. Hormizd était fils du gouverneur de la province d’Ahmadan et s’était converti de lui-même au christianisme dans sa jeunesse. Dénoncé au roi, il refusa de renoncer à la foi, malgré les promesses et les menaces. Il fut alors condamné à mener paître les chameaux, nu, dans le désert. Longtemps après, le roi l’ayant reconnu en passant par là, il lui fit envoyer une tunique de lin, en lui promettant de lui rendre ses honneurs et sa dignité s’il revenait à la religion de ses pères. Le saint déchira alors la tunique et la retourna au roi, qui ordonna de l’exécuter. Saint Sounin était, quant à lui, un puissant dignitaire possédant plusieurs milliers de serviteurs. Sommé de renoncer au Christ, il préféra abandonner ses biens et résista même aux pressions de son épouse, pour ne pas trahir son Maître céleste.