”Ces saints martyrs confessèrent vaillamment le Nom du Sauveur au temps de la Grande Persécution de Dioclétien. Le père de Sévère, Pétronios, ainsi que sa mère, Mygdonia, qui était originaire de Sidie en Pamphylie, avaient été initiés à la religion chrétienne par l’évêque Xénophon, lointain disciple de saint Jean le Théologien. Ayant quitté la Pamphylie pour échapper aux païens, ils s’installèrent à Philippopolis en Thrace, patrie de Pétronios. Mais quand ils arrivèrent dans cette ville, le proconsul Apellianus venait de faire exécuter trente-huit chrétiens, le 14 mai, aussi décidèrent-ils de s’enfuir. Leur fils Sévère, qui avait été doté par Dieu d’une force physique et d’un courage sans pareil, décida cependant de rester sur place, pour y confesser la Bonne Nouvelle et y remporter la couronne du martyre. Au cours d’une vision nocturne, le Christ lui apparut et lui commanda de se rendre au matin à la porte orientale de la cité, afin d’y obtenir la satisfaction de son désir. Parvenu à cet endroit, il rencontra un centurion, Mémnon. Le prenant à part, il lui exposa le grand mystère de notre Salut et le convainquit de renoncer à la vanité des idoles pour renaître à la vie éternelle dans le Christ. Dénoncé peu après comme propagateur de la foi, Sévère fut convoqué par Apellianus. Comme il montrait une inflexible résolution, le magistrat le livra au centurion Mémnon, sans savoir que ce dernier avait embrassé la foi. Dès qu’ils se retrouvèrent seuls, Sévère et Mémnon s’encouragèrent mutuellement à tout endurer pour le Nom du Sauveur, et lorsqu’ils se présentèrent le lendemain matin au tribunal, ils confessèrent tous les deux leur foi.

Le proconsul ordonna de fustiger Mémnon sans pitié et il fit briser les mâchoires de Sévère. On les chargea ensuite de lourdes entraves et ils furent contraints de suivre le magistrat de Philippopolis à Andrinople, puis à Bizye. Ils y furent de nouveau soumis à l’interrogatoire et déclarèrent que rien ne pourrait ébranler leur foi et leur espérance dans le Christ. Le tyran fit alors étendre Mémnon entre deux colonnes et, munis de crocs de fer, ses hommes lui découpèrent trois lanières de peau, de la tête aux pieds. Supportant cette épreuve avec un indicible plaisir, le saint s’écria: « Sache qu’en présentant ces trois lambeaux de peau en offrande, je reçois la Sainte Trinité! » Le 3 juillet, on lui coupa les pieds et les mains, avant de le jeter dans une fournaise ardente ; et au moment où il rendait l’âme, on put entendre une voix céleste lui souhaiter la bienvenue dans le chœur des saints. Saint Sévère fut à son tour livré aux bourreaux qui le lacérèrent au moyen de crochets en fer ; mais quand ils entendirent une voix céleste l’encourager, ils restèrent tout interdits. On lui enfila ensuite aux doigts des bagues incandescentes, puis quatre soldats se saisirent de lui, l’étendirent en forme de croix et commencèrent à lui scier les membres. Le corps du martyr résistait cependant à leurs efforts et, incapables de continuer, ses bourreaux abandonnèrent leur besogne en confessant qu’il était protégé par une puissance divine. On lui appliqua alors sur les reins une ceinture de métal brûlant, puis il fut décapité sur une hauteur à l’ouest de la ville de Bizye, le 23 août.

Les trente-sept autres saints martyrs qui confessèrent leur foi par le sang, les uns à Bizye et les autres à Philippopolis, se nommaient : Horion, Anatylin, Molias, Eudémon, Silvain, Sabin, Eustathe, Straton et Bosbas, originaires de Byzance ; Timothée, Palmate, Mestos, Nikon, Diphilos, Domèce, Maxime, Néophyte, Victor, Rinos, Saturnin, Épaphrodite, Kerkas, Gaïus, Zotique, Cronion, Anthos, Horos, Zoïle, Tyrannos, Agathos, Pansthène, Achille, Panthère, Chrysanthos, Athénodore, Pantoléon, Théosébis et Généthlios étaient eux originaires de Philippopolis. Après les avoir tous amputés des mains et des pieds, on les fit brûler vifs, de la même manière que saint Mémnon.