”D’origine modeste et dépourvu de connaissances livresques, mais brillant par ses vertus et ses charismes apostoliques, saint Alexandre fut jugé digne d’assister saint Métrophane (cf. 4 juin), l’archevêque de Byzance, en qualité d’archiprêtre. Après la victoire de saint Constantin sur Licinius, l’empereur organisa une joute oratoire entre Alexandre et les rhéteurs païens de Byzance, qui se virent confondus à la suite d’un miracle. Saint Métrophane étant malade et trop âgé pour se rendre au premier Concile Œcuménique de Nicée (325), c’est en son nom qu’Alexandre y siégea. On raconte qu’après la clôture du Concile, l’empereur Constantin demanda à tous les Pères théophores qui y avaient brillé, de venir à Constantinople, qu’il venait de fonder, pour la bénir. Un ange du Seigneur apparut alors à saint Métrophane et lui révéla que, devant remettre son âme à Dieu dix jours après, il lui fallait laisser le bienheureux Alexandre pour successeur. [C’est la version transmise par la tradition hagiographique (Vie des saints Métrophane et Alexandre résumée dans la Bibliothèque de S. Photius, codex 256). D’après les historiens ecclésiastiques, S. Alexandre avait été consacré évêque dès 314, mais il est possible qu’il soit resté disciple, et en quelque sorte auxiliaire de S. Métrophane, jusqu’à la mort de ce dernier.] Les Pères se réjouirent à cette nouvelle, et après avoir célébré les funérailles de saint Métrophane, ils intronisèrent solennellement saint Alexandre comme premier évêque de la nouvelle capitale de l’Empire. À la suite du Concile, saint Alexandre, qui était âgé de près de soixante-dix ans, s’illustra dans la défense de la foi orthodoxe contre les intrigues suscitées par Arius et ses partisans, et certains rapportent qu’il entreprit des voyages apostoliques en Thrace, Macédoine, Thessalie et dans les îles pour y prêcher la foi du Concile de Nicée.
Convoqué à Nicomédie pour rendre compte de sa foi, Arius réussit à tromper l’empereur en signant une profession de foi où il se contentait de dire que le Fils de Dieu est né avant tous les siècles. Il demanda alors sa réintégration dans l’Église et sous la pression d’Eusèbe de Nicomédie l’empereur regarda favorablement sa demande et demanda aux évêques réunis en concile à Tyr de l’examiner (335). Ce concile, composé essentiellement de partisans d’Arius, se tourna en jugement inique contre saint Athanase, qu’on traitait de sorcier, de brute et de semeur de discorde. Alors que saint Athanase réussissait à s’embarquer en secret pour Constantinople, où il essaya vainement de se faire entendre de l’empereur, le concile prononçait sa déposition, qui aboutit à une sentence d’exil à Trèves. Arius essaya de rentrer à Alexandrie, mais une émeute ayant éclaté contre lui, l’empereur le rappela à Constantinople, en vue de le faire recevoir dans la communion de saint Alexandre. Eusèbe de Nicomédie et les siens exercèrent toutes sortes de pressions sur le saint prélat et firent les préparatifs pour la célébration d’une Liturgie, où il devait communier avec l’hérétique. Saint Alexandre se réfugia dans l’église Sainte-Irène et, prosterné devant le saint autel, il priait jour et nuit avec force larmes, en disant au Seigneur : « Si Arius doit être réconcilié à l’Église, laisse partir ton serviteur. Mais si Tu as pitié de ton Église et ne veux pas livrer ton héritage à la honte, retire Arius, afin que l’hérésie ne soit pas prise pour la vraie foi. » Le samedi, veille du jour où devait se dérouler la cérémonie, alors qu’il se trouvait sur l’agora proche de la colonne de porphyre dressée par Constantin, Arius fut soudain pris d’un besoin naturel et, ses entrailles ayant éclaté, il périt lamentablement dans le lieu d’aisance, se trouvant ainsi privé de la communion et de la vie. Quand il apprit cette nouvelle saint Alexandre rendit grâce à Dieu, non pour la mort d’autrui, mais parce qu’Il avait manifesté une fois de plus que, même avec l’appui du pouvoir et des puissants de ce monde, l’hérésie ne pouvait l’emporter sur la vérité de l’Église. [La mort d’Arius a été rapportée par S. Athanase dans une lettre adressée à S. Sérapion en 338 (PG 25, 685), et reprise par les historiens ecclésiastiques.] Cependant les troubles n’en cessèrent pas pour autant, et saint Alexandre dut continuer à lutter pour l’Orthodoxie. Il s’endormit en paix, quelques mois après la mort de saint Constantin (337), à l’âge de 98 ans, pour remporter au Ciel la récompense de ses travaux apostoliques. Il confia à saint Paul (cf. 6 nov.), la succession dans l’épiscopat et dans la lutte pour l’Orthodoxie.
Bien qu’on ne sache pas au juste lequel des Patriarches Jean est commémoré aujourd’hui, on peut supposer qu’il s’agit de Jean VIII Xiphilinos, qui siégea de 1064 à 1075, année où il mourut âgé de 65 ans. [Selon d’autres, il s’agit de S. Jean III le Scholastique, mais celui-ci a déjà été commémoré le 21 fév.] Originaire de Trébizonde, il reçut sa formation à Constantinople, où il devint l’ami de Michel Psellos, sans partager toutefois l’attrait de ce dernier pour la philosophie néoplatonicienne, qui devait le conduire à l’hérésie. Comme il était éminemment versé dans les sciences juridiques, on lui confia l’enseignement du droit à l’Université impériale que Psellos s’efforçait de restaurer. Injustement accusé par les milieux de cour, Jean dut quitter la capitale et, après avoir reçu l’Habit monastique, il vécut une dizaine d’années dans un monastère du Mont Olympe de Bithynie. À la mort du Patriarche Constantin Lichoudès, il fut rappelé par l’empereur Constantin Doukas et consacré, malgré ses réticences, Patriarche Œcuménique. En un temps troublé par la menace grandissante des Turcs Seljoukides, il fut un homme de paix et de conciliation, et s’efforça d’établir un rapprochement avec l’Église arménienne. Le Patriarche Jean vécut toute sa vie dans une grande pauvreté et une parfaite pureté de mœurs. Il distribuait en aumônes tout ce qu’il avait, organisa des distributions publiques de vivres et contribua à la construction ou à la restauration de nombreuses églises. Il célébrait quotidiennement la divine Liturgie, indifférent aux critiques que les prélats mondains lui adressaient à ce sujet, et excellait dans l’interprétation des dogmes et règlements canoniques de l’Église.
Le Patriarche saint Paul IV dit le Jeune était originaire de Chypre. [Selon d’autres ce Paul le Jeune serait Paul III, qui siégea de 688 à 693, et présida le Concile Quinisexte (In Trullo) en 692.] Il occupait le rang de lecteur et brillait tant par ses paroles que par ses actions vertueuses, quand il fut élu contre son gré Patriarche, le second Dimanche du Carême 780, après une longue vacance du siège, causée par l’hérésie iconoclaste. Sous la pression du terrible empereur Léon IV le Khazar, il dut alors souscrire un document, dans lequel il déclarait ne pas rendre de culte aux images. Mais l’empereur mourut peu après son ordination, et il se rétracta. L’hérésie continuait cependant de répandre son venin ; et comme le Patriarche, malade, se trouvait impuissant à lui résister, il préféra renoncer à sa charge pour se retirer au monastère de Florus, sans en avertir toutefois l’impératrice régente sainte Irène (cf. 7 août). Aussitôt prévenus la souveraine et son fils Constant VI se rendirent auprès du saint prélat pour lui demander la raison de sa démission. Le bienheureux Paul, en larmes, leur déclara: « Je n’aurais pas dû accepter de siéger à la tête d’une Église qui s’est séparée de la communion avec les autres trônes. » L’ayant quitté pleins de tristesse et d’amertume, les souverains lui envoyèrent une ambassade de patriciens et de membres du Sénat, pour essayer de le fléchir. Il leur dit avec fermeté : « Si l’on ne réunit pas un Concile Œcuménique pour corriger l’erreur qui est au milieu de nous, il n’y a point de salut pour vous. » Comme ils lui demandaient pourquoi il avait accepté de signer le libelle de l’empereur hérétique, il répondit : « C’est pour cette raison que je me lamente et que j’ai décidé de faire pénitence, en priant Dieu qu’il ne me châtie pas pour avoir manqué de prêcher la vérité par crainte de votre folie. » Il s’endormit en paix deux ou trois mois après (784), provoquant un grand deuil au palais et parmi les Orthodoxes, car tous l’admiraient pour sa vertu et sa piété. Grâce à son exhortation et à la ferme résolution de l’impératrice et de son successeur saint Taraise (cf. 25 fév.), on commença alors à préparer le Septième Concile Œcuménique qui devait rétablir le culte des saintes icônes (787).