”Romain de naissance, saint Christophe vécut au VIe siècle dans le monastère de Saint-Théodose, près de Jérusalem. Ressentant dès ses débuts une grande ardeur pour la vie spirituelle, il passait ses journées dans le jeûne et les obédiences qu’on lui assignait, et la nuit venue, il descendait dans la grotte où reposaient les corps de saint Théodose et des autres Pères du monastère, en faisant cent métanies à chacun des dix-huit degrés de l’escalier qui y menait. Et une fois descendu, il restait en prière jusqu’au signal de l’office du matin. Au bout de dix ans d’une telle ascèse, il entra un jour en extase en parvenant dans la grotte et vit tout le sol rempli de lampes, les unes allumées et les autres éteintes, et deux hommes vêtus de blanc qui s’occupaient à les entretenir. À sa question, ils répondirent que ces lampes étaient les veilleuses des Pères, et que ceux qui l’avaient voulu avaient allumé la leur par les travaux de l’ascèse. Revenant à lui, abba Christophe se dit : « Si tu veux être sauvé, il te faut donc encore plus de labeur. » Et, au matin, il partit pour le mont Sinaï, n’emportant que ce dont il était vêtu. Après cinquante ans de vie solitaire, une voix céleste lui commanda de retourner dans son monastère pour y achever ses jours avec ses frères en Christ.