”Saint Arsène était issu d’une famille de boïars et il entra dès son jeune âge à la Laure de la Trinité Saint-Serge, où il excella dans toutes les vertus monastiques, en particulier l’obéissance. Il s’occupait à recopier les livres sacrés, et le trésor de la Laure contient encore un Évangile copié de la main du saint. Élu higoumène, il savait se faire aimer des frères et les dirigeait par l’exemple de sa vie. Il rendait souvent visite au monastère de Makhrichtchi, qui dépendait de la Laure, pour y prier sur la tombe de son fondateur, saint Étienne (cf. 14 juil.). Après que l’higoumène de ce monastère eût contemplé un jour une lumière qui était apparue à cet endroit, saint Arsène y fit construire un beau tombeau et donna sa bénédiction pour que soit vénérée officiellement la mémoire du saint.
Comme saint Arsène portait des vêtements usés, le grand-prince Basile Ivanovitch, qui l’appréciait fort, s’en étonna ; mais les frères lui répondirent : « Notre higoumène est un serviteur de Dieu.

Il vit réellement selon Dieu et ne pense qu’à une chose : se retirer dans l’hésychia. » Il ne restait en effet au monastère que pour servir ses disciples qui avaient besoin de sa présence. Au bout de quelques années, cependant, il quitta la Laure pour gagner la forêt de Komel, à une vingtaine de verstes de Vologda, près du monastère de saint Innocent (cf. 19 mars). Portant sur ses épaules une lourde croix en bois, il emprunta des chemins difficiles, à travers fourrés et marais, et finalement il s’affaissa épuisé et laissa tomber la croix à terre. À ce moment même, une lumière céleste illumina le saint qui comprit que c’était là le lieu choisi par Dieu pour qu’il s’y installe. Il y construisit une modeste cellule, où il engagea aussitôt ses combats ascétiques. Un jour des brigands tuèrent son disciple, aussi le saint quitta-t-il l’endroit pour s’enfoncer davantage dans la forêt. Il construisit une nouvelle cellule ainsi qu’une chapelle, et des fidèles ne tardèrent pas à accourir de toutes parts pour solliciter ses conseils. Il leur enseignait avant tout à aimer Dieu et leur prochain, et à observer avec zèle les saints commandements.

Les Tatars ayant fait une incursion dans la région de Vologda, la forêt où vivait saint Arsène se trouva bientôt remplie de réfugiés, si bien qu’il ne lui était plus possible de trouver l’hésychia. Il décida donc de revenir dans la forêt de Komel, sur les lieux de ses premiers labeurs. Au lieu des brigands ce furent cette fois des ours qui le troublèrent en détruisant son jardin potager ; mais le saint les chassa par sa prière. L’évêque du lieu ayant donné sa bénédiction pour fonder en cet emplacement un monastère avec une église dédiée à la Très-Sainte Mère de Dieu, notre Père Arsène commença à défricher lui-même l’endroit et à cultiver la terre pour le monastère. Quand il souhaitait se retirer pour prier sans distractions, il se rendait dans un ermitage situé à trente verstes de là ; et, en chemin, il parlait aux personnes qu’il rencontrait et les conduisait sur la voie du salut. Il avait même pouvoir sur les phénomènes naturels ; et, une fois, comme des paysans, auxquels il avait recommandé de ne pas travailler les jours de fêtes, lui avaient désobéi, un vent violent vint renverser leurs gerbes de blé. Après avoir répandu autour de lui pendant de nombreuses années la grâce de la présence divine, saint Arsène, sentant approcher le jour de son trépas, rassembla ses moines et les exhorta à observer strictement les traditions ecclésiales et monastiques, et surtout à rester unis dans une sainte charité. Il s’endormit en paix le 24 août 1550, et opéra par la suite de nombreux miracles.