Pendant que le chœur chante l’hymne, le prêtre dit à voix basse la prière de l’hymne des chérubins : Aucun de ceux qui sont liés par les passions on les plaisirs charnels n’est digne de s’avancer, de s’approcher de Toi et de T’offrir la liturgie, ô Roi de Gloire; car Te servir est une chose grande et redoutable, même pour les Puissances célestes. Et pourtant, dans Ton ineffable et incommensurable amour des hommes, Tu t’es fait homme sans subir aucun changement ni mutation, Tu es devenu notre Grand-Prêtre et Tu nous as confié le ministère de ce sacrifice liturgique et non sanglant, Toi, le Maître de toutes choses. Car Toi seul, Seigneur notre Dieu, commandes aux créatures du ciel et de la terre, Toi qui sièges sur un trône de chérubins, Toi le Seigneur des séraphins et le Roi d’Israël, Toi qui es le seul Saint et qui reposes dans les saints. Je T’en supplie donc, Toi qui seul es bon et secourable : jette un regard sur moi, Ton serviteur pécheur et inutile ; purifie mon âme et mon cœur de toute mauvaise conscience : par la vertu de Ton Saint-Esprit, rends-moi apte, moi qui suis revêtu de la grâce du sacerdoce, à me tenir devant Ta sainte Table que voici et à y offrir en sacrifice Ton corps saint et immaculé et Ton précieux sang. Je m’approche donc de Toi, la tête inclinée, et je Te supplie: ne détourne pas de moi Ta face, ne me rejette pas du nombre de Tes enfants, mais daigne agréer que ces dons Te soient offerts par moi, Ton serviteur pécheur et indigne. Car c’est Toi qui offres et qui es offert, qui reçois et qui es distribué, Christ notre Dieu, et c’est à Toi que nous rendons gloire, ainsi qu’à Ton Père sans commencement et à Ton Esprit très saint, bon et vivifiant, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.

Parallèlement aux fidèles qui se préparent pour l’Offrande du Christ, les célébrants se préparent aussi pour une suite de prières et d’actions.

La première est la prière de l’hymne des chérubins. Par elle, le célébrant reconnaît et confesse son indignité et la grandeur divine du Mystère qu’il est appelé à servir. Malgré son indignité, il s’avance vers le saint Autel, parce qu’il ne compte pas sur sa pureté et sa sainteté personnelles, mais sur la miséricorde de Dieu. Il s’appuie sur l’océan de l’amour divin pour l’homme. Car c’est par un amour ineffable envers l’homme que le Christ s est incarné, a été crucifié et nous a accordé le Mystère du sacrifice non sanglant. Le Christ est venu et a été offert sur le Golgotha une seule fois, mais II vient aussi et est offert toujours, lors de chaque divine liturgie. Il est Celui qui offre et est offert, qui reçoit [l’offrande] et est distribué aux fidèles comme nourriture vivifiante.

Jésus-Christ est l’auteur du mystère de notre salut. Ce fait est le fondement sur lequel s’appuie le mystère de la divine liturgie. « Nourricier, Il est aussi nourriture ; Il est Celui qui donne le pain de la vie, et II est Lui-même ce qu’il donne. Il est vie pour ceux qui vivent, chrême (parfumé) pour ceux qui respirent, vêtement pour ceux qui veulent se couvrir. Et certes, par Lui nous avons la faculté de marcher, c’est Lui qui est la route, et c’est Lui encore le gîte d’étape et le terme (Jn 14, 6) ».

Dans le mystère du sacrifice non sanglant, « le Christ est le Sacrifié, Il est le Prêtre, Il est l’Autel, Il est Dieu, Il est homme, Il est le Roi, Il est le Grand-Prêtre, Il est la brebis, Il est l’Agneau. Par amour pour nous, Il devient tout pour chacun de nous, afin de devenir notre vie de multiples façons (1 Co 12, 6) ». Le débordement de l’amour divin a apporté au monde le débordement de la vie divine.

Le Christ devient tout pour chaque homme. Il est le Prêtre qui offre le Sacrifice, l’Agneau qui est offert, le Dieu qui reçoit l’offrande et le Dieu- homme qui est distribué aux communiants pour la vie éternelle. Nous recevons le Don et rendons grâce au Seigneur qui nous L’offre: « Nous Te rendons grâces, Seigneur, Dieu de notre salut, pour tous les bienfaits dont Tu combles notre vie, afin que nous regardions toujours vers Toi, Sauveur et bienfaiteur de nos âmes. »