Suite au Concile de Jérusalem de 1672 , les patriarches d’Orient adresse la profession de foi orthodoxe aux évêques de l’Eglise d’Angleterre pour les aider à se réconcilier avec l’Eglise. 

Introduction

Sa Sainteté de Constantinople, le nouveau Rome et le Patriarche œcuménique Jérémie,

Le Patriarche de la sainte cité de Dieu Antioche Athanase,

Le Patriarche de la sainte cité de Jérusalem Chrysanth,

et les Hiérarques, les Métropolites, les Évêques et les Évêques qui nous ont succédé, et tout le clergé Orthodoxe Oriental et chrétien,

A ceux qui sont au Royaume-Uni, aux évêques et aux Évêques fidèles et fidèles En Christ, et à tout le clergé vénérable, nous souhaitons tout le bien et tout le salut de Dieu.

Votre écriture, sous la forme d’un petit livre, où vous, pour votre part, répondez à nos réponses qui vous ont été envoyées prématurément, nous l’avons reçu. Après en avoir appris la bonté de votre santé, de votre jalousie et de votre respect pour notre Sainte Église Oriental du Christ, nous avons été très heureux d’avoir accepté, comme il se doit, votre intention pieuse et bonne, votre soin et votre diligence pour relier les Églises: cette unité est l’affirmation des fidèles…

Ainsi, à votre demande, nous vous répondrons maintenant brièvement que, après avoir lu attentivement votre dernier message, nous avons compris le sens de ce qui a été écrit et n’avons rien d’autre à dire à ce sujet, à part ce que nous avons déjà dit avant, en exposant notre opinion et la doctrine de notre Église orientale; et maintenant, sur toutes les suggestions que vous nous avez envoyées, nous disons la même chose, c’est-à-dire que nos dogmes et la doctrine de notre Église orientale sont encore sondés, correctement et pieusement identifiés et approuvés par les saints Conciles Œcuméniques ; ajouter ou enlever quelque chose d’eux n’est pas permis. Par conséquent, ceux qui souhaitent s’entendre avec nous dans les dogmes Divins de la foi orthodoxe doivent suivre la simplicité, l’obéissance, sans aucune étude et curiosité, et se soumettre à tout ce qui est défini et décidé par l’ancienne tradition des Pères et approuvé par les Conciles Saints et Œcuméniques depuis le temps des apôtres et de leurs successeurs, les Pères de l’Eglise.

Bien qu’il y ait encore assez de réponses à ce que vous écrivez; cependant, pour une certification plus complète et durable, voici, nous vous envoyons dans la forme la plus longue l’exposé de la Foi orthodoxe de notre Église orientale, adopté par une étude approfondie sur le Concile, qui a longtemps été (1672 ), appelée de Jérusalem; dont la présentation a été imprimée par la suite en Grec et en Latin à Paris en 1675, et peut-être en même temps est venu à vous. De lui, vous pouvez apprendre et sans aucun doute comprendre l’image pieuse et orthodoxe des pensées de l’Église orientale; et, si vous êtes d’accord avec nous, si vous êtes satisfaits de l’enseignement que nous avons décrit maintenant, vous serez tout Unis avec nous, et il n’y aura pas de division entre nous. En ce qui concerne les autres coutumes et les confessions de l’église, avant les rites sacrés de la Liturgie, cela peut être facilement et commodément corrigé lorsqu’il est fait avec l’aide de Dieu. Parce que les livres d’histoire de l’église savent que certaines coutumes et attitudes dans divers endroits et églises ont été et sont changeables; mais l’unité de la Foi et l’unité dans les dogmes restent inchangées.


ARTICLE 1.

Nous croyons au vrai Dieu, unique, éternel, régulateur de l’univers, Père, Fils et Saint-Esprit : le Père qui n’a pas été engendré ; le Fils qui est engendré du Père de toute éternité, et qui a avec le Père la même nature et la même substance ; l’Esprit Saint qui procède du Père, et qui a la même nature et substance que le Père et le Fils. Nous appelons ces trois personnes dans l’unité de leur nature et de leur substance, la très-sainte Trinité, qui sera toujours et de tous dignement adorée, louée et glorifiée.

ART. 2.

Nous croyons que la sainte Écriture a été inspirée de Dieu ; et par conséquent nous devons croire tout ce qu’elle contient, sans réserve, non selon le bon plaisir de chacun, mais expressément selon que l’Église catholique l’explique et le propose. La fausse science des hérétiques admet également la sainte Écriture, mais elle l’explique d’une manière perverse, et l’explique avec figures et images selon la malice du savoir humain, en altérant ce qui ne doit pas être altéré, se faisant un jeu d’une manière déraisonnable de choses qui ne doivent pas être exposées à un pareil usage. S’il était permis à chacun d’expliquer la Sainte Écriture selon son propre caprice, l’Église catholique n’aurait pas pu, comme par la grâce de Dieu elle l’a fait, demeurer jusqu’au jour d’aujourd’hui la même Église, invariable dans sa pensée et dans sa foi, qui croit toujours la même chose ; elle se serait au contraire divisée en portions sans nombre, en s’abandonnant aux hérésies avec lesquelles elle eût cessé d’être la sainte Église, la colonne et l’appui de la vérité. Elle serait devenue plutôt l’église des imposteurs, auxquels sont soumises nécessairement les églises des hérétiques, lesquelles n’ont pas honte de commencer par se faire instruire dans l’église et la repousser ensuite injustement. En conséquence nous croyons que l’explication de la sainte Écriture par l’organe de l’Église catholique est aussi nécessaire que la sainte Écriture elle-même, parce que l’auteur de l’une et de l’autre est le même, c’est-à-dire le Saint-Esprit ; d’où il suit que c’est la même chose, se faire instruire par la sainte Écriture ou par l’Église universelle. L’homme qui parle de lui-même, peut se tromper, peut tromper et être trompé ; mais l’Église universelle, qui n’a jamais parlé et ne parle jamais d’elle-même, mais toujours par l’organe du Saint-Esprit, (lequel a toujours été son maître et le sera jusqu’à la consommation des siècles), ne peut ni se tromper, ni tromper, ni être trompée. Son autorité seule est irréfragable et infaillible, comme celle de la sainte Écriture elle-même.

 

ART. 3.

Nous croyons que Dieu dans sa bonté souveraine a prédestiné à la gloire tous ceux qu’il a choisis pour cela de toute éternité, et qu’il a abandonné à la damnation ceux qu’il a également réprouvés dès le commencement. Il ne s’ensuit pas cependant que par là Dieu ait voulu justifier les uns et réprouver les autres, et les damner ainsi sans aucune raison ; car ce serait incompatible avec un Dieu qui est le père impartial et universel de tous ; lequel veut que tout homme se sauve, et que tous arrivent à la connaissance de la vérité. — I Tim. ii, 4. — Mais au contraire il suit de là qu’ayant prévu que les uns se seraient bien servis de leur liberté, et que les autres en auraient abusé, il a prédestiné les uns à la gloire et les autres à la réprobation. Quant à l’usage de la liberté, nous pensons de la manière suivante : La bonté de Dieu nous donne sa grâce divine qui nous éclaire, et pour cela est appelée grâce prévenante ; parce que, de même que la lumière éclaire celui qui marche dans les ténèbres, de même aussi la grâce est le guide de tous. Celui qui la désire, doit s’y soumettre (parce que la grâce aide ceux qui la cherchent, et non ceux qui lui résistent) et en suivre les inspirations. La grâce est absolument nécessaire au salut. Ainsi on reçoit une grâce spéciale, laquelle coopérant dans l’homme, le fortifie et le consolide dans l’amour de Dieu, c’est-à-dire dans les bonnes œuvres que Dieu exige de nous (lesquelles nous sont inspirées par la grâce prévenante).

La grâce justifie pareillement l’homme, et le rend prédestiné ; tandis qu’au contraire ceux qui n’obéissent pas à la grâce, qui ne veulent pas la suivre, et n’obéissent pas aux commandements de Dieu, mais au contraire écoutent les instigations de Satan, abusent de la liberté qu’ils avaient reçue de Dieu afin de pratiquer volontairement la justice, et ainsi, d’eux-mêmes, ils se jettent dans la masse des réprouvés. Quant aux hérétiques blasphémateurs qui disent que Dieu prédestine ou réprouve sans avoir égard aux œuvres des réprouvés ou des prédestinés, nous déclarons qu’une opinion semblable est contraire à la raison et impie ; parce que, dans ce cas, la sainte Écriture se trouverait en contradiction avec elle-même, attendu qu’elle enseigne que les fidèles se sauvent par le moyen de la foi unie aux œuvres, lesquelles réunies constituent Dieu l’unique source de notre salut, parce que lui seul accorde la grâce illuminante, qui conduit l’homme à la connaissance de la divine vérité, et lui apprend à y coopérer (s’il ne résiste pas), et à faire tout ce qui est juste et agréable à Dieu, afin qu’il obtienne le salut. De cette manière, la liberté de l’homme n’est pas détruite, puisqu’il reste à son libre arbitre la faculté de suivre l’action de la grâce ou d’y résister. Or, ces vérités établies, n’est-ce pas contraire à la raison et sans aucun fondement, de vouloir soutenir que la volonté de Dieu est la cause du malheur des réprouvés ? N’est-ce point là prononcer une horrible calomnie contre Dieu ? N’est-ce point là proférer une monstrueuse injustice contre le ciel ? Dieu qui n’est pas capable de faire le mal, veut sans distinction et d’une égale manière le salut de tous. En lui il n’y a pas lieu à partialité. Aussi nous confessons que Dieu abandonne justement à la damnation ceux qui, suivant leur volonté corrompue et les mouvements de leur cœur pervers et endurci, persistent dans l’impiété. Mais nous n’avons jamais dit, nous ne dirons jamais que Dieu soit la cause de la peine et des tourments éternels, ou qu’il soit ennemi de l’homme ; lui qui, de sa propre bouche, dit que le Ciel se réjouit de la conversion d’un seul pécheur qui fait pénitence. Nous n’aurons pas l’audace de croire et de penser de la sorte, tant que nous conserverons l’usage de la raison, et nous abandonnons au contraire à la réprobation éternelle tous ceux qui pensent et parlent de cette manière, les croyant plus méchants que tous les infidèles.

 

ART. 4.

Nous croyons que Dieu en trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit, a créé tout ce qui existe, le visible comme l’invisible. Sous le nom d’invisible nous comprenons les puissances angéliques, les âmes raisonnables et les mauvais esprits, bien que Dieu n’ait pas créé les mauvais esprits dans l’état où ils se sont précipités ensuite par leur propre volonté. Par le visible nous entendons le ciel et tout ce qui existe sous le ciel. Parce que Dieu créateur est bon par nature et selon son essence, il a tout produit en bon état, et il ne pouvait pas être créé de mal. Si ensuite, dans l’homme et les esprits malins se trouve le mal, c’est-à-dire le péché (car dans l’état primitif on ne connaissait pas le mal), il faut dire que ce mal, contrairement à la volonté de Dieu, est sorti de l’homme ou de l’esprit malin. Car c’est une vérité absolue que Dieu ne peut être l’auteur du mal, et ainsi la parfaite justice demande qu’il ne lui soit pas attribué.

 

ART. 5.

Nous croyons que tout ce qui existe, le visible comme l’invisible, est gouverné par la providence de Dieu. En conséquence, le mal est connu de Dieu, en vertu de sa prévision, et il le permet ; cependant, comme il ne l’a pas produit, il n’en a pas de soin. Le mal qui existe, est dirigé par la suprême bonté vers quelque chose d’utile ; parce que bien qu’elle ne l’ait pas produit, elle le dirige autant qu’il est possible vers le bien. Il ne convient pas de sonder, mais il faut adorer la providence de Dieu et ses mystérieux et impénétrables desseins. Nous devons seulement étudier sagement ce qui nous est révélé par la sainte Écriture, et qui peut nous conduire à la conquête de la vie éternelle, le recevant de la part de Dieu comme une incontestable vérité, ainsi que faisaient les premiers fidèles.

 

ART. 6.

Nous croyons que le premier homme fut créé de Dieu, et qu’il est tombé dans le paradis, alors que cédant au perfide conseil du serpent, il transgressa l’ordre de Dieu, et que de là le péché originel se transmit par héritage dans tous ses descendants ; de telle sorte qu’il n’y a pas un seul homme, né de la chair, qui soit libre de ce joug, et qui n’ait éprouvé les effets de cette chute. Sous le nom de joug et d’effets de cette chute, non-seulement nous entendons le péché tel que serait l’impiété, le blasphème, l’homicide et tous les autres péchés qui, contrairement à la volonté de Dieu, sortent du cœur de l’homme, non comme il était dans l’état primitif, mais corrompu, attendu que bien des patriarches, des prophètes et une infinité d’autres, soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament, comme le divin précurseur et Marie, mère pleine de grâces du Verbe de Dieu, restée toujours vierge, n’ont jamais eu part à de semblables péchés ; mais la grande inclination au péché et ces misères à l’aide desquelles la justice de Dieu a puni l’homme prévaricateur, comme seraient le dur et affaiblissant travail, la misère, les maladies corporelles, les douleurs de l’enfantement, une vie de fatigue, en certains temps les émigrations forcées et enfin la mort du corps.

 

ART. 7.

Nous croyons que le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, s’est livré pour nous, c’est-à-dire qu’il a pris la chair humaine dans sa propre personne, qu’il a été conçu du Saint-Esprit dans le sein de la vierge Marie et fait homme ; qu’il naquit de sa mère selon la chair, sans lui occasionner de peine et de douleur, et sans blesser sa virginité ; qu’il souffrit et fut enseveli, et qu’il est ressuscité dans sa gloire le troisième jour, selon la sainte Écriture ; qu’il monta au ciel et y demeure assis à la droite du Père ; que de nouveau il reviendra, comme nous l’attendons, pour juger les vivants et les morts.

 

ART. 8.

Nous croyons que notre Seigneur Jésus-Christ est notre unique médiateur, qu’il s’est livré de lui-même pour notre rédemption, et qu’en versant son sang il est devenu le réconciliateur entre Dieu et l’homme, donnant continuellement ses soins et sa protection à tous ceux qui lui appartiennent, après qu’il a obtenu le pardon de nos péchés.

Nous croyons encore que les saints intercèdent auprès de Dieu pour nous dans leurs oraisons et prières, et surtout l’immaculée Mère du Verbe de Dieu, comme aussi nos anges gardiens, les Apôtres, les Prophètes, les martyrs, les justes et tous ceux qu’il a glorifiés comme serviteurs fidèles, auxquels nous ajoutons les évêques et les prêtres, comme ministres du saint autel, ainsi que les autres hommes justes et bien méritants. Car nous savons, par le moyen de la sainte Écriture, que nous devons prier les uns pour les autres ; que la prière du juste est puissante, et que Dieu exauce plus facilement les prières des saints que celles des hommes vivant dans le péché. Nous reconnaissons donc que les saints sont nos médiateurs et intercesseurs auprès de Dieu, non-seulement pendant le temps qu’ils demeurent avec nous, mais surtout après leur mort, après que ce miroir dont parle l’apôtre, est enlevé, et qu’ils contemplent la sainte Trinité, dans son infinie lumière et dans sa splendeur. Pareillement comme nous ne doutons pas que les Prophètes, lorsqu’ils vivaient encore dans leurs corps mortels, voyaient les choses célestes en les prédisant comme futures ; ainsi nous ne doutons pas, nous croyons au contraire fermement et inébranlablement, et nous confessons que les anges, et les saints devenus égaux aux anges, voient nos besoins dans la lumière infinie de Dieu.

 

ART. 9.

Nous croyons que nul ne peut se sauver sans la foi. Sous la dénomination de foi nous comprenons une idée vraie de Dieu et des choses divines. La foi est soutenue par la charité, ou, ce qui revient au même, elle nous justifie par la pratique des divins commandements de Dieu. Et sans elle il est impossible de plaire à Dieu.

 

ART. 10.

Nous croyons, comme croient tous les hommes instruits, en cette église qui se nomme l’apostolique, qui est dans son genre l’unique, c’est-à-dire la sainte et catholique, laquelle comprend tous ceux qui croient en Jésus-Christ, quels qu’ils soient, et quelque part qu’ils se trouvent ; pourvu qu’ils soient encore dans leur pèlerinage sur la terre, et qu’ils ne soient pas encore arrivés à la céleste patrie ; en quoi nous ne confondons pas l’église voyagère avec l’autre qui est déjà en possession de la patrie (comme quelques hérétiques croient, lesquels disent que ces deux églises sont réunies), formant deux troupeaux du même pasteur suprême qui est Dieu ; et qui sont sanctifiées par le même Saint-Esprit. Ce mélange est incompatible et impossible, parce que l’une de ces églises est militante et encore dans la voie, tandis que l’autre, triomphant déjà dans sa victoire, possède la patrie, et jouit de la récompense dont devient participante toute cette Église universelle. Également un homme soumis à la mort ne peut être le guide permanent de l’Église, mais seulement notre Seigneur Jésus-Christ qui en est le chef, et tient le gouvernail du gouvernement ecclésiastique au moyen des saints Pères. De là vient que l’Esprit saint a donné aux églises particulières qui se sont formées légalement et légalement sont composées de membres, les évêques en qualité de pasteurs, de chefs et de prélats pour qu’ils gouvernent, non par un abus, mais légalement, parce que le Saint-Esprit fait voir en eux l’image du juge et du consommateur de notre rédemption ; afin que la communauté des fidèles arrive, sous leur conduite, à la possession de ses droits et de sa gloire. Mais puisque les hérétiques, entre autres erreurs impies, prétendent que le prêtre est égal à l’évêque, et qu’on pourrait subsister même sans évêques ; qu’un certain nombre de prêtres est suffisant pour le gouvernement de l’Église ; que non-seulement l’évêque, mais tout prêtre a droit de faire l’imposition des mains aux prêtres et même de consacrer les évêques, propageant et soutenant enfin que l’église d’Orient est d’accord avec eux sur cette erreur ; nous définissons, nous, au contraire, d’après la croyance qui a toujours existé dans l’église d’Orient, que l’épiscopat est tellement nécessaire à l’Église que, sans lui, il n’y aurait pas d’Église et pas même l’idée de chrétiens. Parce que l’évêque, comme successeur des Apôtres, lequel avec l’imposition des mains et l’invocation du Saint-Esprit reçoit de Dieu le pouvoir de lier et de délier, est l’image vivante de Dieu sur la terre ; et avec le pouvoir sanctifiant du Saint-Esprit, il est le dispensateur humain, dans l’Église universelle, de tous les sacrements par le moyen desquels on obtient le salut. Nous soutenons que l’évêque est aussi nécessaire à l’Église que le pouvoir de respirer est nécessaire à l’homme et le soleil au monde. C’est pourquoi quelques-uns disent très-bien à la louange de la dignité épiscopale : Ce que Dieu est dans l’Église, le premier-né dans le ciel et le soleil dans le monde, c’est l’évêque dans son église particulière ; de sorte que, par son moyen, son troupeau se trouve éclairé, réchauffé et propagé par l’Église universelle de Dieu. Il est évident que le grand mystère et la grande fonction de l’épiscopat nous sont venus par la succession ; parce que bien que le Seigneur, lequel nous a promis de rester avec nous jusqu’à la fin, demeure parmi nous sous d’autres formes de grâces et de divins bienfaits, toujours est-il certain que, d’une manière particulière, il se trouve en communion avec nous sous la forme du saint épiscopat. Il vit en nous, et communique avec nous par le moyen des sacrés mystères, dont l’évêque est le premier exécuteur et prêtre selon le pouvoir de l’Esprit saint qui empêche de tomber dans l’hérésie. Aussi saint Jean de Damas dit-il bien, dans sa quatrième lettre aux Africains, que l’Église universelle fut confiée aux évêques ; qu’on doit vénérer le successeur de Pierre (à Rome, Clément a été le premier évêque, Évodius à Antioche, Marc à Alexandrie) ; qu’André plaça sur le siége de Constantinople Stacchius ; dans la grande et sainte cité de Jérusalem fut placé par N. S. Jacques comme premier évêque, lequel en eut un autre pour successeur à qui succéda un troisième, et ainsi de main en main, jusqu’à nos jours. Tertullien, dans sa lettre à Papias, appelle tous les évêques les successeurs des Apôtres. Et Eusèbe de Pamphylie, et avec lui la majeure partie des Pères, prouvent la commune et antique forme de l’Église universelle, par la succession directe dans la dignité des Apôtres. C’est donc chose évidente que la dignité épiscopale est différente de la presbytériale ; car c’est l’évêque qui impose les mains aux prêtres et non les prêtres à l’évêque, lequel, selon les constitutions apostoliques, doit être consacré par deux ou trois évêques. En outre, c’est l’évêque qui choisit le prêtre, mais non l’évêque qui est élu par les prêtres ou par le pouvoir séculier. La seule haute réunion ecclésiastique de la province où se trouve la ville pour laquelle l’évêque doit être élu, a droit à cette élection. Il est vrai, toutefois, qu’il arrive à une ville entière d’élire son évêque, mais ce n’est pas d’une manière arbitraire, laissant la confirmation du choix à l’assemblée (ecclésiastique), laquelle, quand elle trouve l’élection conforme aux constitutions, proclame l’évêque élu, et l’établit par le moyen de l’imposition des mains et de l’invocation du Saint-Esprit. Enfin le prêtre reçoit sa dignité uniquement pour lui, tandis que l’évêque a le pouvoir de la communiquer à d’autres. Le prêtre reçoit sa dignité de l’évêque de qui il tient également la mission de conférer, avec les prières, le baptême, de célébrer le sacrifice non sanglant, de distribuer le sacré corps et le sang de notre Seigneur Jésus-Christ au peuple, d’administrer l’huile sainte aux fidèles, de bénir légalement et dans la crainte de Dieu ceux qui veulent s’unir en mariage, de prier pour les infirmes et pour le salut de tous, et pour qu’ils connaissent la vérité, et par-dessus tout, pour la rémission des péchés de tous les fidèles, des vivants comme des morts ; et enfin s’il se distingue en science et en vertu dans l’exercice du pouvoir qui lui est confié par l’évêque, il obtient également la faculté d’instruire les fidèles qui s’adressent à lui, pour apprendre à ces mêmes fidèles la voie qui conduit à la conquête du royaume céleste, exerçant l’office de la prédication du saint Évangile. L’évêque, outre tout ce qui convient à celui-ci, est le seul qui puisse administrer le saint chrême ; parce que, comme nous avons dit, il est le distributeur des saints sacrements et des grâces par le pouvoir du Saint-Esprit. À lui seul appartient de fixer l’ordre des prêtres et les autres ministres de l’autel, et de leur tracer leurs devoirs ; et il a notamment le droit particulier de lier et de délier et, par ordre de Dieu, de prononcer des jugements justes, et qui lui sont agréables. L’évêque proclame l’Évangile, confirme les orthodoxes dans leur foi, chasse de l’Église les récalcitrants comme des païens et des imposteurs, livre les hérétiques à la réprobation et damnation, et donne sa vie pour ses brebis. De tout cela il résulte l’incontestable prééminence de l’évêque sur le prêtre, comme il s’ensuit que tous les prêtres pris ensemble ne sauraient point paître et gouverner l’Église de Dieu. De telle sorte qu’un Père de l’Église a justement fait observer qu’il n’est pas si facile de trouver parmi les hérétiques un seul homme éclairé, parce que ces derniers ayant abandonné l’Église, l’Esprit saint les abandonne également. Aussi n’y a-t-il chez eux ni connaissance, ni lumière, mais au contraire les ténèbres et l’aveuglement y règnent ; parce que s’ils n’étaient pas aveuglés, ils n’auraient pas aboli des choses aussi claires, telles par exemple que le grand mystère de l’épiscopat dont la sainte Écriture fait mention ainsi que l’histoire ecclésiastique et les écrits des saints, et qui toujours et partout, a été reconnu et professé par l’Église universelle.

 

ART. 11.

Nous croyons que les membres de l’Église catholique sont tous d’une même foi, savoir : qu’ils professent fermement la pure foi de notre Sauveur Jésus-Christ ; laquelle nous avons reçue de Jésus-Christ, des Apôtres et des saints Conciles œcuméniques, bien que parmi eux un grand nombre soit soumis au péché. Car, si seulement les fidèles qui ne sont pas pécheurs, étaient membres de l’Église, ils ne seraient pas soumis à son jugement. Et pourtant l’Église les juge, les appelle à la pénitence, les conduit par le sentier des salutaires préceptes, et sans considérer s’ils vivent sous le pouvoir du péché, ils demeurent et sont appelés membres de l’Église catholique, pourvu qu’ils n’abandonnent pas la foi, et qu’ils restent fermes dans la doctrine catholique orthodoxe.

 

ART. 12.

Nous croyons que le Saint-Esprit enseigne l’Église catholique, parce qu’il est le véritable consolateur dans la vérité, que le Christ envoya de son Père, afin qu’il enseignât la vérité aux fidèles, et dissipât les ténèbres. L’Esprit saint enseigne l’Église par le moyen des saints Pères et des maîtres de l’Église catholique ; parce que de même que l’Écriture sainte est, selon l’opinion universelle, la parole de l’Esprit saint, non parce qu’elle a été publiée immédiatement par lui, mais en tant qu’il l’a dictée aux Apôtres et aux Prophètes ; de même l’Église tire sa lumière de l’Esprit saint vivificateur, non autrement que par le moyen des saints Pères et Docteurs, dont les constitutions ont été approuvées par les saints Conciles œcuméniques, comme nous ne cesserons jamais de le répéter. Et ainsi nous sommes non-seulement persuadés, mais encore nous reconnaissons fermement comme solide vérité, que l’Église catholique ne peut se tromper ni être trompée, ni annoncer un mensonge pour une vérité, parce que le Saint-Esprit ne cessant jamais d’agir dans l’Église par le moyen des saints Pères et des Docteurs, la préserve de toute erreur.

 

ART. 13.

Nous croyons que la foi seule ne justifie pas l’homme, mais la foi aidée de l’amour, c’est-à-dire la foi et les œuvres. Nous reconnaissons donc comme entièrement impie l’opinion que la foi puisse remplacer les œuvres, et qu’elle soit capable de produire notre justification en Jésus-Christ ; parce qu’en admettant cette opinion, la foi devrait être commune à tous, et ainsi tous seraient justifiés ; mais cela est visiblement impossible. Au contraire, nous croyons que, non l’apparence de la foi, mais la foi qui habite en nous, nous justifie par les œuvres en Jésus-Christ. Parmi ces œuvres, nous comptons non-seulement celles qui démontrent et confirment notre vocation, mais encore les fruits que produit notre foi, et qui méritent à chacun, en vertu des promesses divines, une bonne ou une mauvaise récompense, selon qu’on a opéré avec ou sans son amour.

 

ART. 14.

Nous croyons que l’homme déchu par suite de la prévarication, est devenu semblable aux bêtes, c’est-à-dire qu’il fut entouré de ténèbres et privé de la perfection ainsi que de cet état où il était inaccessible aux souffrances. Mais il n’a pas été privé de la nature et de la force dont il fut pourvu par l’infinie bonté de Dieu ; parce que, dans le cas contraire, il serait devenu privé de raison et ne serait plus homme. Ayant donc encore la nature avec laquelle il a été créé, il possède ainsi également le libre arbitre et la faculté de diriger sa vie et ses actions, de telle sorte qu’en suivant sa nature, il peut choisir entre faire le bien et commettre le mal et s’en préserver, comme Dieu le dit clairement parlant des païens, qui aiment ceux dont ils sont aimés. Et de même l’apôtre saint Paul écrivant aux Romains, I, 19, et ailleurs, enseigne : « que les païens qui n’ont pas la loi, agissent selon la loi de nature. » D’où il résulte que le bien fait par l’homme ne peut être réputé un péché ; parce que le bien ne peut jamais être mal. Et comme ce bien n’est autre qu’un bien naturel, il ne rend pas encore l’homme spirituellement bon par rapport à l’âme, ne pouvant pas lui faire obtenir le salut sans la foi, comme il ne peut pas servir à la réprobation, parce que le bien, comme tel, ne peut pas devenir une source de mal. Dans l’homme régénéré par œuvre de la grâce, le bien est fortifié par la même grâce, qui le perfectionne et le rend digne de la rédemption. Quelque porté au bien que soit l’homme par nature et avant la régénération ; quelque chose qu’il puisse choisir et pratiquer, toutefois pour renaître, il devrait opérer le bien spirituel ; puisque les œuvres provenant de la foi sont appelées généralement œuvres spirituelles, parce qu’elles sont la cause de la rédemption et de la véritable grâce surnaturelle ; et pour cela il est nécessaire que la grâce prévienne et excite, comme il a été dit plus haut, afin que l’homme, puisque par lui-même il ne peut pas faire d’œuvres dignes de la vie selon Jésus-Christ, puisse vouloir et non vouloir, agir en harmonie avec cette grâce.

 

ART. 15.

Nous croyons qu’il y a dans l’Église sept sacrements. Nous n’en avons ni plus ni moins. Les insensés hérétiques retiennent que les sacrements surpassent ce nombre. Le nombre de sept sacrements, de même que les autres dogmes de l’Église catholique se trouve dans la sainte Écriture. Et premièrement le Seigneur enseigne le Baptême quand il dit : « Allez et instruisez les peuples, les baptisant au nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint. » — Matth. xxviii, 19. — Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé ; mais qui ne croira pas sera condamné. » — Marc, xvi, 16. — Le sacrement du saint Chrême ou de l’Onction avec le saint chrême, est fondé pareillement sur ces paroles du Sauveur : « Arrêtez-vous dans la ville de Jérusalem jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut. » — Luc. xxiv, 49. – Force dont les Apôtres ont été investis après la descente de l’Esprit saint sur eux. Cette force est attachée au sacrement de l’Onction moyennant le saint chrême. L’apôtre saint Paul en parle ; II Cor. i, 21, 22. — Et plus clairement encore Denis l’aréopagite. Le sacrement de l’Ordre s’appuie sur la parole suivante : « Faites ceci en mémoire de moi ; » — I Cor. xi, 24. — Comme aussi : « Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que vous délierez sur la terre, sera également délié dans le ciel. » — Matth. xvi, 19. – Le sacrifice non sanglant est fondé sur ce qui suit : « Prenez et mangez, ceci est mon corps… buvez-en tous, ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance. » — Matth. xxv, 26, 27. — « Si vous ne mangez pas le corps du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie éternelle. » — Joan. vi, 54. — Le sacrement du Mariage a son origine dans les paroles mêmes que Dieu proféra dans l’antique alliance. — Gen. ii, 24. — Jésus-Christ les confirma lorsqu’il dit : « Ce que Dieu a lié, que l’homme ne le dissolve pas. » — Matth. xix, 6. — L’apôtre saint Paul appelle le Mariage un grand sacrement. — Eph. v, 32. — Le sacrement de la Pénitence auquel s’unit la confession sacramentelle, se fonde sur ces paroles du Seigneur : « Les péchés seront pardonnés à ceux à qui vous les pardonnerez, mais ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. » – Joan. xx, 23. — Et dans un autre endroit il dit : « Si vous ne faites pénitence, vous serez tous précipités dans les abîmes. » — Luc. xiii, 3. — Le sacrement de l’Huile Sainte est mentionné dans saint Marc l’évangéliste, et saint Jacques le prouve encore plus clairement. — Jac. v, 14, 15.

Les sacrements consistent en naturels et surnaturels, et ne sont pas de simples signes de la divine promesse ; mais nous les déclarons signes efficaces, lesquels produisent dans ceux qui s’en approchent et les reçoivent, une grâce propre. Pour cela nous rejetons comme étrangère à la doctrine chrétienne, l’opinion que l’effet du sacrement n’a lieu que dans l’acte, c’est-à-dire dans la consommation pendant laquelle la matière visible est appliquée ; c’est-à-dire ce qui a été consacré dans le sacrement, de telle sorte qu’en dehors de cet acte la matière consacrée demeure après l’acte de consécration une chose ordinaire. Cela par conséquent est contraire au sacrement de l’Eucharistie, lequel est effectué par les paroles surnaturelles et sanctifié par l’invocation de l’Esprit saint, et devient réel par la présence de ce qui est indiqué, savoir le corps et le sang de Jésus-Christ. Le complément de ce sacrement précède nécessairement son application par le moyen de la consommation ; parce que s’il n’était pas réalisé avant la réception, celui qui le reçoit indignement ne mangerait et ne boirait pas sa condamnation. — I Cor. xi, 29, — n’ayant pris qu’un pain ordinaire et un vin ordinaire ; tandis qu’au contraire il est certain que celui qui le reçoit indignement, mange et boit sa condamnation. D’où il résulte que le sacrement de l’Eucharistie ne s’accomplit pas dans l’acte de la consommation, mais au contraire, avant cet acte. D’où nous reconnaissons cette doctrine comme le mensonge et l’impiété les plus énormes ; parce que cette foi imparfaite violerait l’intégrité et la perfection du sacrement.

Parce que les hérétiques qui, après avoir abandonné leur hérésie, sont admis nouvellement dans l’Église universelle et qui s’y réunissent, ont reçu un baptême parfait, bien que leur foi fût imparfaite, si à la fin ils admettent la véritable foi, ils ne doivent pas être rebaptisés.

 

ART. 16.

Nous croyons que le saint baptême, comme il a été ordonné par le Seigneur, et conféré au nom de la très-sainte Trinité, est indispensablement nécessaire, parce que sans le baptême l’homme ne peut pas se sauver, ainsi que dit le Seigneur : « Qui ne renaît par le moyen de l’eau et de l’Esprit saint, ne peut entrer dans le royaume du ciel. » — Joan. iii, 5. — En conséquence le baptême est nécessaire aux petits enfants, parce qu’ils sont aussi soumis au péché originel, et ne peuvent obtenir la rémission de ce péché sans le baptême. Et quand le Seigneur le révéla, il dit sans exception : « Quiconque ne renaît point ; » c’est-à-dire qu’après la venue de Notre-Seigneur, tous ceux qui veulent entrer au ciel, doivent être régénérés. Si donc les enfants veulent entrer dans la vie éternelle, le baptême leur est devenu nécessaire. S’ils ne renaissent point, et s’ils n’obtiennent pas la rémission du péché originel, ils seront nécessairement, pour ce péché, soumis à la peine éternelle, et ils ne pourront se sauver. En conséquence le baptême est également nécessaire aux enfants, parce qu’ils seront heureux par lui seul, comme le dit clairement l’évangéliste saint Matthieu. — Et dans l’histoire des Apôtres, nous lisons que tous ceux qui appartiennent à la maison sont baptisés. — Act. xvi, 33. — Et par conséquent, les enfants aussi. On le prouve clairement par les anciens Pères de l’Église, je veux dire par saint Denis dans le livre de la hiérarchie ecclésiastique et par Justin qui dit dans sa 57e question : « Les enfants deviennent participants de la grâce par le moyen du baptême, en vertu de la foi de ceux qui les ont tenus à ce même baptême. » Et saint Augustin dit : « Qu’il y a une tradition des Apôtres, que les enfants sont sauvés par le baptême. » Et dans un autre lieu : « L’Église donne aux enfants les mains des autres, afin qu’ils aient des cœurs pour qu’ils croient, et des langues pour qu’ils parlent. » Et plus loin : « La Mère église leur donne le cœur maternel. »

Quant à la matière du sacrement du Baptême, celle-là ne peut être un autre liquide que l’eau pure. Elle sera administrée par le prêtre : en cas de besoin, elle peut aussi être appliquée par un homme ordinaire, mais seulement par un fidèle, et celui qui connaît la valeur du saint sacrement.

Les effets du baptême sont brièvement ceux-ci : d’abord on reçoit la rémission du péché originel, et de tous les autres péchés commis avant le baptême : secondement, les baptisés se délivrent de la peine éternelle, à laquelle tout le monde est soumis, autant à cause du péché originel, que pour les autres péchés mortels commis : troisièmement, le baptême confère l’heureuse immortalité ; car délivrant l’homme d’un péché commis auparavant, il fait de lui un temple de Dieu. Il est impossible de dire que le baptême ne délivre pas de tous les péchés précédents, mais que, malgré cela, ils restent, sans cependant retenir la même force. Vouloir enseigner ceci, serait la plus grande impiété, le renversement de la foi, et non la profession de celle-ci. Dans le cas contraire, tout péché commis avant le baptême sera effacé, et considéré comme s’il n’avait jamais existé, jamais été commis. Car tous les modes sous lesquels le baptême est représenté, démontrent sa force purificatrice ; et l’expression de l’Écriture sainte montre clairement, par rapport au baptême, que par celui-ci on obtient une pureté parfaite ; ce qui ressort visiblement des dénominations du baptême. Si le baptême a lieu par le feu et l’esprit, il est clair qu’il apporte une pureté parfaite ; car l’esprit purge parfaitement. Si le baptême est une lumière, il chasse toutes les ténèbres ; s’il est une renaissance, il réforme tout ce qui est vieux, c’est-à-dire les péchés. Si le baptême détruit le vieil homme, il détruit aussi le péché ; s’il revêt du Christ, il fait l’homme sans péché ; car Dieu est loin des pécheurs, et l’Apôtre le dit clairement : « Comme nous avons péché beaucoup par un seul homme, aussi par un seul nous sommes justifiés. — Rom. 5, 19 — S’ils ont été justifiés, ils sont aussi libérés du péché : car il ne peut y avoir dans le même homme la vie et la mort. Si donc le Christ est né en effet, les péchés sont aussi remis par le Saint-Esprit.

De là, il est évident que les enfants qui meurent après le baptême, arrivent incontestablement au ciel, en vertu de la mort de Jésus-Christ ; car ils sont purifiés du péché. Et au fait, s’étant purifiés par le baptême, ils sont libres de tous les péchés, parce que comme enfants, ils n’ont aucune volonté libre, et par conséquent ils ne pèchent pas ; c’est pour cela qu’ils seront sauvés indubitablement. Le baptême imprime un signe indélébile. Voilà pourquoi il est impossible de se faire de nouveau baptiser légalement, si l’on est déjà une fois baptisé, eût-on commis plus tard tous les péchés possibles ; eût-on même abandonné la foi. Ceux qui veulent revenir à Dieu, reçoivent leur adoption perdue comme enfants de Dieu, par le sacrement de la Pénitence.

 

ART. 17.

Nous croyons que le très-saint sacrement de l’Eucharistie, que dans l’énumération des sacrements ci-dessus nous avons indiqué comme le quatrième, est un sacrement que le Seigneur a institué dans cette nuit dans laquelle il s’est livré pour la vie du monde. Car il prit le pain, le bénit, en donna à ses Disciples et Apôtres en disant : « Prenez-en et mangez, c’est mon corps. » Ensuite il prit le calice, le bénit et dit : « Buvez-en tous, c’est mon sang qui sera versé pour vous en rémission des péchés. »

Nous croyons que, dans cette action sacrée, Notre Seigneur Jésus-Christ est présent, non pas en symbole, non pas en image (τυπιϰως, ειϰονιϰᾶς), non pas comme une grâce surabondante, comme dans les autres sacrements ; non pas par une descente, ce que certains Pères ont dit du baptême ; non point par une impanation, de sorte que la parole divine doive entrer dans le pain offert à l’Eucharistie, et entrer personnellement (οποστιαῶς,) comme les disciples de Luther le soutiennent très-absurdement et très-indignement ; mais que Jésus-Christ y est présent véritablement et réellement, de manière que, dans la consécration du pain et du vin, le pain se change en vrai corps du Seigneur, qui est né à Bethléem de l’éternelle Vierge, a été baptisé au Jourdain, qui a souffert, qui a été enseveli, qui est ressuscité, qui est monté au ciel, qui maintenant est assis à la droite de Dieu le Père, et qui paraîtra de nouveau dans les nuées du ciel. Le vin se change en vrai sang du Seigneur, en ce sang qu’il a versé dans sa passion sur la croix, pour la vie du monde. Aussi croyons-nous qu’après la consécration du pain et du vin, il ne reste plus ni le pain ni le vin, mais le vrai corps et le vrai sang du Seigneur, sous les espèces du pain et du vin.

En outre, nous croyons que ce très-saint corps et sang du Seigneur est distribué et entre dans la bouche et dans le corps de ceux qui le reçoivent, soit qu’ils soient pieux et vertueux, soit qu’ils soient impies. Il communique aux pieux et à ceux qui le reçoivent dignement, la rémission des péchés et la vie éternelle ; mais aux impies et à ceux qui le reçoivent indignement, il prépare le jugement et le tourment sans fin.

Après cela, nous croyons que pour le corps et le sang du Seigneur, bien qu’ils soient divisés et rompus, la division et la fracture se font au sacrement de l’autel, seulement dans les espèces du pain et du vin, sous lesquelles ils peuvent être vus et montrés ; mais en eux-mêmes ils restent parfaitement entiers, et ne sont pas divisibles. C’est pourquoi l’Église universelle dit : « Il sera rompu et divisé en morceaux, encore qu’il ne soit pas divisible ; il est toujours mangé, mais jamais consumé ; il est divisé à ceux qui le reçoivent dignement, pour leur sanctification. »

Nous croyons ensuite que dans chaque partie, même dans la moindre, du pain et du vin consacrés, il ne se trouve aucune partie séparée du corps et du sang du Seigneur ; mais que ce même corps de Jésus-Christ existe toujours tout entier et dans toutes les parties, et que le Christ Notre-Seigneur y est présent selon sa nature et son humanité, c’est-à-dire avec l’âme et la divinité, parfait comme Dieu et parfait comme homme.

Indépendamment de cela, quoiqu’en même temps se fassent plusieurs consécrations dans le monde entier, cependant il n’y a pas plusieurs corps du Christ, mais l’unique et le même Christ est présent véritablement et en réalité comme le même corps et le même sang dans toutes les églises des fidèles. Pourtant il ne s’ensuit pas que le corps du Seigneur, qui se trouve au ciel, descende sur les autels, mais que le pain préparé dans toutes les églises où il est offert et consacré, est changé, après la consécration, en l’unique et même corps qui se trouve au ciel.

En effet, le Christ a seulement un corps et non pas plusieurs en différents lieux ; de là, ce sacrement est, d’après l’opinion générale, merveilleux, que l’on ne peut concevoir que par la foi, et non par le raisonnement de l’intelligence humaine ; car les vaines et folles recherches dans les choses divines, sont en nous répréhensibles, relativement à ce sacrifice qui a été ordonné d’en haut.

Aussi croyons-nous encore que nous devons à ce corps et à ce sang du Seigneur, dans le sacrement de l’Eucharistie, un respect particulier et une adoration digne de la Divinité ; car, comme nous sommes obligés de manifester une adoration à Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous le sommes aussi de le faire à son corps et à son sang.

De plus, nous croyons que ceci est le vrai sacrifice de la réconciliation, qui se fait pour tous les vivants craignant Dieu, pour les morts, et pour le salut de tous, comme il résulte des prières de ce sacrement que les Apôtres, par ordre du Seigneur, ont transmises à l’Église.

Nous croyons pareillement que ce sacrifice (sacrement) dans lequel se trouve le vrai corps du Seigneur immédiatement après la consécration, jusqu’à son usage, comme aussi après son usage, lorsqu’il est conservé dans les vases sacrés pour le viatique des mourants. Nous croyons encore que le mot changement (transsubstantiation) ne montre pas le mode et la manière par laquelle le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Seigneur ; car personne ne peut le comprendre, excepté Dieu ; et le désir de le comprendre serait seulement l’effet de la folie et de l’impiété ; mais il démontre seulement que le pain et le vin, après la consécration, se sont changés au corps et au sang du Seigneur, non en image ni en symbole, non comme une surabondance de grâce, non comme une union ou une descente de la divinité du premier— né lui-même ; non pas accidentellement, de manière qu’une qualité du pain et du vin soit changée en une qualité accidentelle du corps et du sang du Christ, par exemple, par un échange ou une commixtion ; mais, comme il est dit ci-dessus, le pain devient véritablement et en réalité le vrai corps du Christ, et le vin le vrai sang du Christ.

Enfin, nous croyons que le sacrement de l’Eucharistie ne peut pas être administré par tout le monde, mais par un prêtre, lequel a reçu la consécration d’un pieux et légitime évêque, comme l’apprend l’église orientale.

Voilà en abrégé la doctrine de l’Église universelle sur le sacrement de l’Eucharistie. Voici la véritable confession et la plus ancienne tradition, si vous voulez être sauvés, si vous voulez rejeter la nouvelle et perverse doctrine de la fraude et de l’imposture : tradition que nous ne pouvons changer d’aucune manière ; mais au contraire, nous sommes obligés de la conserver comme légitime en toute sa substance ; car ceux qui la défigurent, sont anathématisés par l’Église du Christ.

 

ART. 18.

Nous croyons que les âmes des morts seront sauvées ou malheureuses selon leurs œuvres. Aussitôt qu’elles se seront séparées de leurs corps, elles tomberont soit dans la joie, soit dans la tristesse et dans la misère. Du reste, elles ne sentiront ni une parfaite félicité, ni une complète infortune ; car la parfaite félicité, ou la complète infortune sera atteinte par tout le monde après la résurrection générale, lorsque les âmes s’uniront aux corps, selon qu’elles auront vécu vertueusement ou criminellement.

Les âmes de ces hommes qui tombent dans un péché mortel, mais qui, en mourant, ne perdent pas l’espérance, et font pénitence jusqu’à leur séparation de la vie actuelle, bien qu’elles ne réussissent pas à faire de dignes fruits de pénitence (comme prières, larmes, génuflexions, dans leurs veilles de prières, douleur intérieure, consoler les malheureux, véritable exercice de l’amour envers Dieu et envers le prochain, toutes choses que l’Église catholique, avec raison, a reconnues comme nécessaires et agréables à Dieu) ; les âmes de tels hommes vont dans l’enfer, et souffrent les peines pour leurs péchés commis ; cependant elles ne perdent pas l’espoir de l’adoucissement à leurs souffrances.

Elles reçoivent un adoucissement par la grâce infinie, par la prière des prêtres, par de bonnes œuvres faites pour le bien des morts, et particulièrement par la force du sacrifice non sanglant que le prêtre offre souvent pour chaque chrétien en particulier, et que l’Église catholique et apostolique offre en général tous les jours pour tous.

 

QUELQUES QUESTIONS ET RÉPONSES.

Première question. Tous les chrétiens sont-ils obligés en général de lire la sainte Écriture ?

Réponse. Nous savons que toute la sainte Écriture révélée de Dieu est utile et même nécessaire ; qu’il est tout à fait impossible d’avoir sans elle la foi chrétienne. Cependant tous ne peuvent pas la lire, mais seulement ceux qui connaissent de quelle manière on doit sonder, étudier et comprendre la sainte Écriture. De cette manière, il est permis à tout fidèle d’écouter la sainte Écriture, afin qu’il puisse croire dans son cœur la vérité, et la reconnaître pour son salut ; mais il n’est pas permis à tout le monde de lire sans guide certaines parties de l’Écriture, surtout dans l’Ancien Testament. Permettre la lecture de la sainte Écriture sans distinction à ceux qui n’ont pas d’expérience, c’est la même chose que donner aux petits enfants un mets dur et indigeste.

Deuxième question. L’Écriture sainte est-elle compréhensible à tous ceux qui la lisent ?

Réponse. Si la sainte Écriture était compréhensible à tous les Chrétiens, le Seigneur n’aurait pas donné l’ordre de l’expliquer à ceux qui veulent obtenir le salut éternel.

Saint Paul aurait enseigné inutilement que le pouvoir d’enseigner a été concédé par Dieu à l’Église, et saint Pierre n’aurait pas pu dire qu’il y a dans les épîtres de saint Paul beaucoup de choses qui sont difficiles à comprendre. Puisqu’il y a dans la sainte Écriture des pensées profondes et sublimes, l’homme a donc besoin d’une explication, d’un éclaircissement de Dieu, pour l’approfondir, la comprendre véritablement, et pouvoir connaître la vérité, laquelle est unie à toute l’Écriture et au Saint-Esprit, son divin auteur. Et encore que les fidèles connaissent la doctrine évangélique du Créateur, de l’Incarnation du Fils de Dieu, de sa passion, de sa résurrection et de son ascension, de sa naissance et de son jugement, pour laquelle doctrine beaucoup ont souffert la mort, il n’est pas cependant nécessaire à tous, ou si vous voulez mieux, il est impossible que tous les hommes puissent apprendre ce que le Saint-Esprit a révélé à ceux-là seulement qui se sont perfectionnés dans la sagesse et la sainteté.

Troisième question. Que devons-nous croire par rapport aux images et au culte des saints ?

Réponse. Parce qu’il y a des saints que l’Église catholique reconnaît et présente comme tels, nous les vénérons comme amis de Dieu, lesquels supplient Dieu pour nous dans tous nos besoins.

Le culte que nous rendons aux saints est de deux genres, l’un se rapporte à la Mère du Verbe divin, que nous vénérons comme serviteurs de Dieu, parce qu’elle est la Mère de Dieu ; ainsi, quoiqu’elle soit réellement la servante de Dieu, elle est cependant Mère de Dieu ; parce que, selon la chair, elle a donné le jour à une personne de la Trinité divine. De là, nous l’élevons en comparaison plus haut que les Anges et les saints, et nous lui apportons une plus grande vénération qu’il ne convient aux autres serviteurs de Dieu.

Le second genre de culte que l’on doit aux serviteurs de Dieu, se rapporte aux saints Anges, aux Apôtres, aux Prophètes, aux Martyrs, et en général à tous les saints.

En outre, nous vénérons l’arbre de la vénérable et vivifiante Croix, sur laquelle notre Rédempteur a souffert pour le salut du monde ; nous vénérons l’image de la Croix vivifiante, la Crèche de Bethléem, par laquelle nous avons été délivrés de notre honte ; nous vénérons le lieu de Golgotha, le tombeau vivifiant, et les autres lieux saints ; ensuite nous vénérons le saint Évangile et les vases sacrés dans lesquels le sacrifice est offert. Nous rendons un culte aux saints par louange, par commémorations annuelles et les fêtes générales, par la construction des saints temples et par le saint Sacrifice. Aussi vénérons-nous les images de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de la sainte Vierge, mère de Dieu, et de tous les saints ; nous vénérons ces images et nous les baisons ; ensuite les images des Anges, représentés avec les formes sous lesquelles ils se sont montrés à quelques patriarches et prophètes ; nous figurons aussi le Saint-Esprit, comme il s’est fait voir en forme de colombe.

Si pour ce culte des saintes images quelques-uns nous font un reproche d’idolâtrie, nous le reconnaissons comme vain et comme absurde ; car nous n’adorons personne autre qu’un Dieu unique dans la Trinité. Mais nous vénérons les saints doublement : premièrement par rapport à Dieu, parce que nous les respectons comme serviteurs de Dieu ; secondement par rapport aux saints eux-mêmes, parce qu’ils sont les images vivantes de Dieu. En outre, lorsque nous rendons un culte aux saints comme serviteurs de Dieu, nous les vénérons relativement ; car le culte des saintes images se rapporte à l’original ; de sorte que celui qui vénère l’image, en vénère par elle l’original ; il est donc impossible de séparer la vénération de l’image du culte de celui qui est représenté par l’image, mais tous les deux sont unis, ainsi que l’acte de vénération fait à un ambassadeur de l’empereur, ne peut être séparé de celui qu’on fait à l’empereur lui-même.

Les passages que les adversaires veulent trouver dans l’Écriture, ne parlent pas en confirmation de leurs absurdités, comme ils le pensent ; mais ces passages s’accordent parfaitement avec notre opinion. Si nous lisons la sainte Écriture, nous devons faire attention au temps, aux personnes, aux exemples et aux causes. Si nous trouvons que l’unique et même Dieu dit dans un lieu : « Ne te fais point d’image sculptée, pour ne pas l’adorer et la servir, » que dans un autre lieu, il donne l’ordre de faire des chérubins ; et si nous voyons dans le temple les images sculptées des bœufs et des lions, nous ne devons pas considérer tout cela comme de l’idolâtrie, mais, ainsi que nous l’avons déjà dit, comme étant approprié au temps et aux autres circonstances. Les paroles : « Ne te fais aucune image sculptée, » ne signifient, selon que nous l’entendons, rien autre chose que ceci : « N’adorez aucuns dieux étrangers et ne faites aucun acte idolâtrique. » Quant à l’Église, depuis le temps des Apôtres, nous trouvons pratiqué le culte des images en général, lequel s’est conservé constamment jusqu’à nous.

Nos adversaires citent les saints Pères, lorsque ceux-ci considèrent l’adoration des images comme une chose indécente ; mais ces saints hommes nous confirment, au contraire, dans notre doctrine, parce que dans leurs disputes, ils attaquent et blâment seulement ceux qui font aux images une adoration divine, ou qui apportent dans les temples sacrés les images de leurs parents morts. Ils frappent d’anathèmes de tels adorateurs ; mais ils ne blâment pas la vénération pour les saints et pour leurs images, ni pour la sainte Croix et tous les objets ci-dessus indiqués. Mais beaucoup de Pères et de conciles prouvent, qu’au temps des Apôtres il y avait déjà des images, et que les fidèles les vénéraient. En particulier le septième concile œcuménique a condamné l’opinion des hérétiques contraire à cette doctrine.

Comme ce saint concile montre d’une manière claire, comment nous devons vénérer les saintes images, en condamnant ceux qui leur rendent une adoration divine et ceux qui nomment idolâtres les fidèles qui vénèrent ces mêmes images, nous aussi, nous livrons à la damnation tous ceux qui font une adoration à un saint ou à un ange, à une image, à la croix ou aux vases sacrés, ou à l’Évangile, ou à un objet quelconque, au ciel, ou sur la terre, ou dans la mer ; adoration que nous devons rendre seulement à Dieu dans la Trinité. Nous condamnons pareillement tous ceux qui appellent idolâtrie le culte des images, et qui, par conséquent, ne les vénèrent pas, et qui ne respectent pas la Croix et les saints, comme l’Église l’a commandé.

Nous vénérons les saints et les saintes images, comme nous l’avons expliqué, et nous les peignons pour l’ornement des églises, afin qu’ils servent de livres aux illettrés, qu’ils les encouragent à l’imitation des vertus de ces saints, pour que ceux-ci les appellent à eux, qu’ils leur viennent au secours dans leur amour encore imparfait, que ceux-là soient animés par ceux-ci à invoquer Dieu comme le gouverneur et père, et les saints comme ses serviteurs et nos aides et médiateurs auprès de lui.

Les hérétiques blâment même les prières que les fidèles adressent à Dieu, et nous ne savons pas pourquoi ils se raillent particulièrement de la prière des moines. Nous croyons, au contraire, que la prière est un entretien avec Dieu, une supplique pour obtenir une juste grâce, que nous espérons recevoir de Dieu ; c’est une élévation à Dieu, un pieux et fervent attrait vers Dieu, un désir intime de ce qui est en haut : c’est une médecine pour l’âme, une œuvre sainte qui plaît à Dieu, un signe de repentir et d’une forte espérance. On la fait soit dans l’esprit seulement, soit dans l’esprit et par la bouche en même temps. Dans la prière, nous considérons la bonté et la miséricorde de Dieu, nous reconnaissons notre indignité, nous excitons dans notre intérieur les sentiments de reconnaissance, nous promettons de nous convertir dans l’avenir à Dieu. La prière donne de la force à la foi et à l’espérance ; elle enseigne la patience, l’observation des commandements, et spécialement elle enseigne à obtenir la grâce céleste ; la prière porte des fruits, dont le nombre est très-grand ; on peut la faire à tous les temps, tenant le corps droit ou à genoux. L’utilité de la prière est si grande qu’elle est la nourriture et la vie de l’âme. Tout ce qu’on a dit jusqu’ici est fondé sur la sainte Écriture, et celui qui voudrait demander des preuves pour des vérités aussi incontestables, ressemblerait à un insensé, ou à un aveugle qui, en plein midi, douterait de la lumière du soleil.

Comme les hérétiques veulent également détruire tout ce que le Christ a ordonné, aussi ils attaquent la prière. Du reste, comme ils craignent de mettre au jour leur impiété, ils ne rejettent pas la prière en général, mais seulement celle des moines, à la seule fin d’exciter contre eux la haine des chrétiens, pour les représenter comme inutiles, sans culture, ignorants, comme des hommes à charge à la société civile. Ils le font expressément afin que personne ne veuille se faire instruire par les moines dans les dogmes de la vénérable et orthodoxe doctrine ; parce que le démon est astucieux en faisant le mal, et habile à conduire aux œuvres de vanité. De sorte que lui et ses partisans, qui sont les hérétiques, se soucient peu de l’exercice des bonnes œuvres, tandis qu’au contraire ils sont attentifs à précipiter les autres dans la corruption, et ils exercent leur profession dans les lieux où le Seigneur ne tourne pas ses regards.

Enfin, qu’on nous accorde de pouvoir demander ce que pensent les hérétiques des prières des moines. S’ils pouvaient prouver que les moines, comme tels, ont en eux quelque chose d’incompatible avec ce qui convient à un fidèle et pieux chrétien, nous serions d’accord avec eux, et nous n’appellerions plus les moines du nom de moines, pas même de chrétiens. Mais, puisqu’au contraire les moines, avec une parfaite abnégation d’eux-mêmes, proclament par leur bouche la louange de Dieu, et révèlent constamment et dans tous les temps, autant qu’il est possible, la majesté de Dieu dans les prières et dans les psaumes, puisqu’ils chantent les paroles de la sainte Écriture, qu’ils lisent des hymnes ou qu’ils composent leurs prières particulières conformément à la sainte Écriture, alors ils accomplissent, selon notre opinion, l’œuvre des Apôtres et des Prophètes, ou pour mieux dire l’œuvre de Dieu. Si nous chantons les louanges de la τριοδη et du saint légendaire, nous ne faisons rien qui soit opposé à l’esprit chrétien ; puisque tous ces livres contiennent une sainte et vraie doctrine, se composent d’hymnes ou recueillis dans la sainte Écriture, ou faits selon l’inspiration de l’Esprit saint ; de telle sorte qu’on trouve des paroles diverses dans les psaumes et dans les hymnes, mais au fond nous chantons toujours ce que contient la sainte Écriture ; seulement nous le chantons avec d’autres paroles. Que nos hymnes consistent dans les paroles de la sainte Écriture, cela résulte clairement de la circonstance que d’un verset de la sainte Écriture nous formons ce que nous appelons un τροπας. Si nous récitons en outre des prières qui ont été composées par les anciens Pères, les hérétiques s’efforcent en vain de nous faire croire qu’elles contiennent des choses impies et scandaleuses ; parce que si cela était, nous eussions élevé la voix contre eux, comme l’ont fait les hérétiques. S’ils critiquent la prière quotidienne et non interrompue, nous leur demanderons en quoi cette prière nuit à eux et à nous ? En vain ils voudraient s’opposer à Jésus-Christ qui nous enseigne de veiller et de prier pour ne pas tomber dans la tentation. En vain ils s’opposeraient à saint Paul dans l’épître à ceux de Thessalonique et en beaucoup d’autres passages de la sainte Écriture. Nous n’avons pas cru chose nécessaire, de nous adresser à l’autorité d’autres pieux docteurs de l’Église catholique, dont le nombre est si grand depuis le temps du Christ jusqu’à nos jours ; parce qu’il suffit pour faire rougir les hérétiques de leur indiquer la puissante prière des Patriarches, des Apôtres et des Prophètes.

Comme les moines imitent les Apôtres, les Prophètes et les saints Pères, alors il est clair que leurs prières sont le fruit des dons de l’Esprit saint. Quant aux hérétiques qui vomissent des blasphèmes contre Dieu, et qui renversent tout l’ordre divin, la sainte Écriture nous montre suffisamment, et d’une manière très-douloureuse, que leurs inventions ne sont que malice et inventions du démon. L’objection que l’Église ne peut commander l’abstinence des viandes, sans exercer par le fait la violence et l’oppression, est également vaine. En attendant, l’Église a très-sagement procédé en cette affaire ; elle s’est fortifiée par la mortification de la chair, par la prière et le jeûne. Les saints furent les modèles pour cette doctrine, par la pratique de laquelle fut humilié le démon, notre adversaire, avec toutes ses légions et toutes ses puissances. Et avec cette doctrine, enfin, l’on rend facile la voie de la piété. De cette manière on n’a pas besoin de puissance, et l’on n’en fait pas d’usage. Au contraire on prie, on avertit, on enseigne ce qui est contenu dans nos saints livres, et l’on procède par la puissance de l’esprit.

Constantinople, l’an 1723 après la naissance de Jésus-Christ, dans le mois de septembre.

Jérémie, par la grâce de Dieu, archevêque de Constantinople, de la Nouvelle Rome, patriarche œcuménique, soussigné de sa main propre, atteste et reconnaît que ceci est la doctrine orthodoxe de notre chrétienne, apostolique et catholique église orientale.

Athanase, par la grâce de Dieu, patriarche de la grande et sainte ville d’Antioche, soussigné de sa main propre, atteste de même par le présent, confirme et reconnaît que ceci est la doctrine orthodoxe de notre, etc.

Chrysanthe, par la grâce de Dieu, patriarche de la sainte ville de Jérusalem, soussigné de sa propre main, atteste de même et reconnaît par le présent, que, etc.

Kallinik, d’Héraclée, soussigné, je m’accorde de cœur et de bouche avec les saints patriarches ci-dessus soussignés, et je reconnaîtrai ceci jusqu’au dernier soupir.

Antoine, de Kisikea, je reconnais que ceci est la foi de l’Église catholique orientale.

Pansius, de Nicomédie, soussigné de ma propre main, reconnais que ceci est la foi de l’Église catholique orientale.

Gérasime, de Nicée, soussigné de ma propre main, reconnais que ceci est la doctrine de l’Église catholique orientale.

Pacôme, de Chalcédoine, soussigné de ma propre main, reconnais et atteste que ceci est la doctrine de l’Église catholique orientale.

Ignace, de Thessalonique, soussigné de ma propre main, reconnais et atteste que ceci est la doctrine de l’Église catholique orientale.

Anthyme, de Philippopolis, soussigné de sa main, reconnaît et atteste que ceci est la doctrine de l’Église orientale catholique.

Kallinik, de Varna, soussigné, reconnaît que telle est la doctrine de l’Église catholique orientale.

 

 


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