D’abord, commençons par le fait, que l’Eglise de Rome a reconnu que durant le premier millénaire « l’évêque de Rome n’a pas exercé d’autorité canonique sur les Eglises à l’Orient ».

Source : Documents de Chieti

Est-ce que c’est un pas vers le rejet des prétentions du pouvoir de juridiction sur toute l’Eglise ; le désir de revenir à la conciliarité d’avant le Premier Vatican, nous ne savons. Quoi qu’il en soit, l’Eglise de Rome confesse toujours l’infaillibilité du pape de Rome quand il parle ex-cathedra, et nous allons montrer dans cet article que cet enseignement est faux et ne correspond pas à la foi de l’Eglise du Christ.

Alors, le pape Pie IX le 18 juillet 1870 s’est infailliblement proclamé infaillible !

Quand les 88 évêques ont été contre et ne voulaient pas voter pour ce nouveau dogme, le pape Pie a dit : « ex sese, non autem ex consensu Ecclesiae » (tant pis, ça sera accepté comme ça tout seul, et non pas selon le consensus de l’Eglise)

La première chose est de demander les Romains : quelles sont les preuves de cet enseignement ?

Comme il n’y en a pas de preuves bibliques, patristiques, historiques, nous allons démontrer les multiples aspects qui réfutent l’infaillibilité du pape de Rome et sa supériorité sur les Conciles oecuméniques :

 

1. Preuves bibliques

1.1  « l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité. » (1 Tim 3.15)

La Bible dit que toute l’Eglise en sa plénitude conserve la vérité, non pas une personne particulière, même très sainte, ou même l’apôtre Pierre ou son successeur à Rome.

 

1.2 La perte de bonne conscience provoque le naufrage dans la foi.

Le commandement que je t’adresse, Timothée, mon enfant, selon les prophéties faites précédemment à ton sujet, c’est que, d’après elles, tu combattes le bon combat, en gardant la foi et une bonne conscience. Cette conscience, quelques-uns l’ont perdue, et ils ont fait naufrage par rapport à la foi. (1 Tim 1.18-19)

Ainsi, ayant perdu la bonne conscience, l’homme ne peut plus conserver la vraie foi. Beaucoup de papes ont perdu leur bonne conscience et ont été les pécheurs extrêmes. Ayant fait naufrage par rapport à la foi, comment un tel homme est capable d’exprimer infailliblement la vraie foi de toute l’Eglise ?

 

1.3 « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème! » (Ga 1.8)

L’infaillibilité de l’évêque de Rome est un nouvel enseignement ce que les Romains reconnaissent qui n’était pas prêché par les apôtres. Ils subissent cet anathème de l’apôtre Paul.

 

1.4 Le Concile apostolique

Le Concile apostolique décrit en Ac 15 réfute le préséance d’une personne sur le concile. Si l’apôtre Pierre avait été infaillible, il aura fallu juste demander son avis et en faire le décret final. Pourtant, le Concile fait la décision du concert, ensemble avec les apôtres, prêtres et diacres.

 

1.5. Le Rois Solomon contre l’infaillibilité

« La sagesse n’entre pas dans une âme qui médite le mal, et n’habite pas dans un corps esclave du péché. L’Esprit-Saint, éducateur des hommes, fuit l’astuce; il s’éloigne des pensées dépourvues d’intelligence, et se retire quand approche l’iniquité »

(Sagesse de Solom 1.4-5)

Comment le Saint-Esprit entre dans l’âme d’un pape qui vit dans le mal sans le repentir ?

 

 

2. Preuves historiques

2.1 L’excommunication du pape Vigile lors du Ve Concile Oecuménique.

152 évêques du Concile excommunient le pape de Rome pour son support des textes hérétiques de « Trois Chapitre » (Avant, un concile d’évêques africains excommunie Vigile). La décision doctrinale du Concile condamne solennellement la papauté :

 » Il n’est autorisé à personne, dans les questions doctrinales, d’anticiper le jugement de l’Eglise dans sa plénitude, car chaque personne a besoin de l’aide de ses prochains. »

Après son excommunication, le pape Vigile s’est repenti et était rétabli par le Concile en tant qu’évêque de Rome.

A comparer avec la foi de l’Eglise de Rome :

 » C’est pourquoi ceux qui affirment qu’il est permis d’en appeler des jugements du Pontife romain au concile œcuménique comme à une autorité supérieure à ce Pontife, s’écartent du chemin de la vérité. »

Pastor Æternus

 

2.2 La condamnation du pape Honorius I par le VIe Concile Oeucuménique.

« Ayant examiné les prétendues lettres dogmatiques de Sergius de Constantinople à Cyrus et les réponses d’Honorius à Sergius, et les trouvant opposées à la doctrine des apôtres, aux décrets des conciles et aux sentiments de tous les Pères, conformes, au contraire, à la fausse doctrine des hérétiques, nous les rejetons entièrement et les détestons comme propres à corrompre les âmes. […] Avec eux, nous croyons devoir chasser de l’Eglise et anathémiser Honorius, autrefois évêque de l’ancienne Rome, parce que nous avons trouvé, dans sa lettre à Sergius, qu’il suit en tout son erreur et qu’il autorise sa doctrine impie. » (Concile de Constantinople, session XIII)

Dans la seizième session, après la profession de foi du, patriarche George de Constantinople, le concile poussa des acclamations, parmi lesquelles se trouvent celles-ci :

« Anathème à Théodore de Pharan, à Sergius, à Cyrus ! ANATHÈME A HONORIUS, HÉRÉTIQUE ! »

Dans la profession de foi du concile, lue dans la dernière session, Honorius est condamné, avec les autres hérétiques, et on lui dit de nouveau anathème, ainsi qu’aux autres monothélites.

Cette condamnation du pape Honorius a été confirmé par les papes ultérieurs : Léon II et tous les papes jusqu’à XI siècle. Cf. Anathème sur le Pape Honorius I en confession de la foi des Pontifes Romains

 

2.3 Le pape Jules I a partagé les idées de l’hérétique  Sabellius et a proclamé comme orthodoxe Marcel d’Ancyre condamné en Orient à 341, puis en Occident à 345.

 

2.4 Le pape Libère a signé le symbole de la foi hérétique (arien) et a condamné saint Athanase le Grand.

 

2.5 Le pape Zosime a reconnu les hérétiques Célestius et Pélage comme les orthodoxes.

 

2.6 Le saint pape Grégoire le Grand affirmait que celui qui s’attribue le pouvoir sur toute l’Eglise est un précurseur de l’antéchrist :

« Mais si nous supposons le poids d’iniquité de ce titre, nous le trouverons énorme. Moi je dis, sans la moindre hésitation, que quiconque s’appelle l’évêque universel ou désire ce titre est, par son orgueil, LE PRÉCURSEUR DE L’ANTECHRIST, parce qu’il prétend ainsi s’élever au-dessus des autres. L’erreur où il tombe vient d’un orgueil égal à celui de l’antéchrist, parce que, de même que ce pervers voulut être regardé comme élevé au-dessus des autres hommes, comme un Dieu, ainsi, quiconque désire être appelé seul évêque s’élève au-dessus des autres. « 

 

2.7 Le pape Jean XXII

Le pape Jean XXII , dans une bulle fameuse, lancée ex cathedra et avec solennité, avait décidé, par une réminis cence de la doctrine orthodoxe, que la vision béatifique
n’aurait lieu qu’après le jugement dernier, lorsque le sort des justes serait irrévocablement fixé parle décret du Juge souverain, Jésus-Christ.
Mais ses successeurs ont condamné solennellement et également ex cathedra, la doctrine de Jean XXII.

 

2.8 IV Вселенский Собор, прочитавши на одном из своих заседаний послание папы св. Льва I, послание, действительно замечательное по верности изложения догмата о соединении двух естеств во Христе, тем не менее, прежде чем принять его. Поручил особой комиссии проверить его, и когда это было сделано и затем доложено о православии римского исповедания. Оно принято было Собором как голос, как исповедание всей Церкви. Следовательно, Собор вселенский мыслился как власть высшая, чем римский епископ. Поэтому, ссылка на древнее предание есть ничто иное, как перенесение позднейших взглядов латинской церкви на начальные времена, которые не знали этих взглядов.

3. Preuves patristiques

 

4. Preuves logiques

4.1Pétition de principe

On affirme :

  • Tout le dogme est vrai parce qu’il est proclamé par le pape;
  • Le droit de proclamer les dogmes est un dogme;
  • ——————————————————————————–
  • Alors le pape a proclamé en tant qu’un dogme son droit de proclamer les dogmes.

C’est une faute logique qui s’appelle la pétition de principe. En effet, le premier prémisse « Tout le dogme est vrai parce qu’il est proclamé par le pape » doit être prouvé. En particulier c’est un argument circulaire.

 

 

4.2 Argument circulaire : Tradition <=> Pape Infaillible

  • L’infaillibilité du pape est définie par la sainte Tradition de l’Eglise;
  • La sainte Tradition de l’Eglise est infailliblement définie par le pape;
  • —————————
  • Alors, le pape s’est infailliblement défini infaillible.

Le Coran est vrai parce qu’il est envoyé d’Allah et ce qu’il est envoyé d’Allah est vrai, parce que c’est écrit dans le Coran.

 

4.3 Autocontradiction

Pendant le I Vatican, le pape Pie IX n’a pas solennellement dit « je suis infaillible », mais le Concile des évêques s’est réuni pour définir le dogme d’infaillibilité. Alors, le dogme (que le pape définit infailliblement les dogmes) n’a pas été défini par le pape, mais par le Concile des évêques. Il s’ensuit :

  1. Le Concile est supérieur au pape s’il est capable de définir le dogme d’infaillibilité pour le pape ;
  2. Le dogme d’infaillibilité n’est pas infaillible, parce qu’il n’est pas défini par le pape, mais par le Concile;

Il se voit que le Concile a communiqué le pouvoir absolu au pape est maintenant il peut s’en aller. « Moor has done his duty, the Moor can go ».

En effet, pour que le dogme sur l’infaillibilité du pape soit vraiment infaillible, il faut qu’il soit infailliblement défini par le pape infaillible, et non pas par le Concile qui n’est pas infaillible. Tant que ce n’est pas fait, ce dogme n’est pas infaillible.

 

 

5. Preuves dans l’histoire de l’Eglise de Rome après le schisme de 1054

 

5.1 Concile de Constance (XVI Concile Oecuménique) soumet le pape au Concile.

Concile de Constance (1414-1418) reconnaît la supériorité des conciles sur le pape. Le pape Martin V par son bulle « Inter cunctas » confirme les décrets du Concile y compris la préséance du Concile sur le pape.

Le concile de Constance met fin au grand schisme d’Occident. Par son décret Frequens, il prévoit la tenue périodique d’un concile. Il sera donc à l’origine du concile de Bâle (1431-1449) qui soutiendra le conciliarisme.

Le pape Martin V par son bulle « Inter cunctas » confirme les décrets du Concile y compris la préséance du Concile sur le pape.

Seulement l’élection du 4eme pape Martin V lorsque 3 autres papes exerçaient toujours leurs droits pontificaux (à Avignon, à Rome et à Pise) a permis d’éviter le pat dans l’Eglise de Rome.

 

5.2 La réfutation du principe « l’infaillibilité ex-cathedra » par les papes des théologiens romains.

Les papes comme Innocent III, Paul IV, les théologiens reconnus comme Robert BellarminFrancisco Suárez,Thomas de Vio (dit Caietan), Jean de Saint-Thomas  ont affirmé que le pape pouvait proclamer une hérésie ex-cathedra. C’est étonnant, mais cet enseignement a survécu même après le Concile Vatican I. Dans les ouvrages de Louis Billot (1909), ce cardinal donne la réponse positive à la question si le pape de Rome peut proclamer une hérésie ex-cathedra. Le cardinal l’affirme en se référant au pape Innocent III.

« Tractatus de Ecclesia Christi » (I, pp. 618-619)

 

6. L’infaillibilité du Magistère.

(« Le nouveau Cathechisme contre la foi des Pères »)

 

De la doctrine d’un centre divin de l’Eglise suit naturellement celle de l’infaillibilité pontificale, proclamée au Concile de Vatican I en 1870.

La doctrine de l’infaillibilité du Magistère est réaffirmée par le Catéchisme : infaillibilité du Pontife romain, seul ou avec le collège des évêques, infaillibilité du collège des évêques en union avec le successeur de Pierre, infaillibilité des évêques en communion avec le pape ; infaillibilité dans la définition définitive d’un point de doctrine touchant la foi et les moeurs, infaillibilité dans l’exercice du Magistère ordinaire, infaillibilité dans l’interprétation de l’Ecriture, dans la détermination de la loi morale et même des préceptes de la loi naturelle (§§ 85, 100, 891,892, 2034, 2036). «Le degré suprême dans la participation à l’autorité du Christ est assuré par le charisme de l‘infaillibilité. Celle-ci s’étend aussi loin que le dépôt de la Révélation divine ; elle s’étend encore à tous les éléments de doctrine, y compris morale, sans lesquels les vérités salutaires de la foi ne peuvent être gardées, exposées ou observées» (§ 2305).

Cette doctrine, si elle était vraie, serait la plus tranquillisante des doctrines. Mais elle s’oppose à la parole de Dieu, à la vie de l’Eglise, à la loi que Dieu a inscrite dans le coeur de chacun.

1. La doctrine de l’infaillibilité est contraire à l’Ecriture et aux Pères. Le Christ a envisagé explicitement la possibilité, pour les pasteurs de se tromper : «Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces. A leurs fruits vous les reconnaîtrez» (Matt 7,15).

L’Apôtre suit son Maître en nous enseignant la vigilance : «Quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème !» (Gal. 1, 8). «Il veut montrer, dit saint Jean Chrysostome, que l’autorité des personnes n’est rien, quand il s’agit de la vérité» (Commentaire sur l’Epitre aux Galates). Saint Jérôme n’est pas moins affirmatif : «Il place sous le coup de cet anathème à la fois sa propre personne, lui que les Juifs accusaient de prêcher parmi les Gentils une doctrine contraire à la conduite qu’il tenait dans la Judée, et un ange même, supérieur, de l’aveu de tous, aux apôtres ses prédécesseurs, afin qu’on n’élevât pas outre mesure l’autorité de Pierre et de Jean, puisqu’il n’était pas permis ni à lui qui les avait enseignés, ni à un ange lui-même de leur prêcher une autre doctrine que celle qu’ils avaient d’abord reçue. Il se nomme lui- même personnellement ainsi que l’ange ; il désigne les autres sans les nommer : si quelqu’un vous annonce un autre Evangile. Il se sert d’une expression générale pour ne point blesser ses prédécesseurs, tout en les désignant d’une manière indirecte (Commentaire sur l’Epitre aux Galates, livre 1,1, éd. Bertille, Paris, 1884, t 10, 233.)».

Embarrassé par des paroles si nettes, le Catéchisme en restreint la portée. «Le scandale, dit le § 2285, est grave lorsqu’il est porté par ceux qui, par nature ou par fonction, sont tenus d’enseigner et d’éduquer les autres. Jésus en fait le reproche aux scribes et aux Pharisiens : Il les compare à des loups déguisés en agneaux». Ainsi, le commandement de l’Evangile n’a plus d’application ; il ne visait que les Pharisiens ; les évêques unis à Rome sont infaillibles : dormons en paix. Pourtant, les lois de l’Eglise exhortent à la vigilance permanente à l’égard des faux-évêques.

Le canon 31 des Apôtres condamne à la déposition le prêtre qui se sépare de son évêque «alors qu’il ne trouve en lui aucune faute en ce qui concerne la rectitude de la foi (eusebeia) et la justice», et le canon 15 du Concile Premier-Second confirme ainsi le canon apostolique : «Les règles établies à l’égard des prêtres, des évêques et des métropolites sont à plus forte raison encore applicables aux patriarches. Donc au cas où un prêtre, un évêque ou un métropolite ose se séparer ou s’éloigner de la communion de son patriarche et cesse de mentionner son nom comme le veut la coutume dûment fixée et ordonnée, au cours de la divine Liturgie, et, avant qu’une décision conciliaire soit rendue et que le patriarche soit jugé et condamné, crée un schisme, le saint Concile a décrété que l’auteur d’un tel acte doit être considéré comme étranger à toute fonction sacerdotale, s’il est seulement convaincu d’avoir commis cette transgression de la loi. Semblablement, cette règle a été scellée et décidée à l’égard de ceux qui, sous prétexte de griefs contre leurs primats, s’isolent et font un schisme, rompant ainsi l’unité de l’Eglise. En revanche, pour ceux qui, d’autre part, à cause d’une hérésie condamnée par les saints Conciles ou par les saints Pères, se séparent de la communion de leur primat qui prêche l’hérésie publiquement et l’enseigne tête nue dans l’Eglise, ceux-là non seulement n’encourent aucune sanction canonique pour avoir coupé toute communion avec leur soi-disant évêque, avant même qu’une décision synodale ou conciliaire quelconque ait été rendue ; tout au contraire, ils sont dignes de l’honneur qui leur revient parmi les chrétiens orthodoxes. Car ils se sont opposés, non à des évêques, mais à de faux-évêques et à de feux-docteurs ; loin d’avoir nui en rien à l’unité de l’Eglise par un schisme, ils ont au contraire fait tous leurs efforts pour préserver l’Eglise des schismes et des divisions» (Canon 15 du Concile Premier-Second). On voit quelle distinction les Conciles établissent entre le péché personnel de l’évêque, qui ne justifie pas qu’on se sépare de lui, et le péché d’hérésie, qui le fait cesser d’être évêque. La doctrine de l’Eglise catholique est donc, sur ce point, contraire à ce que l’Eglise fidèle aux Apôtres, aux Conciles et aux Pères a toujours cru et pratiqué.

Ignace le Théophore disait à Polycarpe : «Quiconque parle contre les ordonnances, quand même il serait digne de foi, jeûnerait, resterait vierge, ferait des miracles ou des prophéties, qu’il soit pour toi un loup, travaillant sous une peau de brebis, à la mort du troupeau».

La coupure entre épiscopat et fidèles (Eglise enseignante et Eglise enseignée) résultant du Magistère infaillible est contraire à l’enseignement de l’Ecriture, qui attribue l’autorité infaillible à tout le Corps du Christ ayant pour tête la Vérité. «Nous rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu’en recevant la parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la parole de Dieu, qui agit en vous qui croyez» (1 Thess. 2,13). La parole de Dieu est agissante en ceux qui croient L’«Esprit de Vérité» n’est pas l’apanage de quelques-uns dans l’Eglise. Les fidèles peuvent voir quand un pasteur s’égare. Ce n’est pas l’individu qui juge de la foi de l’Eglise ; mais au contraire, c’est la foi orthodoxe vivante en ceux qui ont cru, qui juge ceux qui s’en écartent.

2. La doctrine de l’infaillibilité est contredite par le témoignage de l’histoire. Que l’on se propose d’étudier n’importe quelle période de cette histoire divino-humaine, et que l’on en juge : les événements auraient-ils été ce qu’ils ont été si un des partis en présence, lorsque l’Eglise a été attaquée par les schismes et les hérésies, avait cru qu’il se trouvait à Rome un centre infaillible ? Comment se fait-il que les Pères, dans toutes leurs polémiques, n’aient jamais mentionné ce point ?

Saint Paul écrit, à propos de saint Pierre : «Je lui ai résisté en face» (Gai. 2, 11). Était-ce un moyen de donner une idée correcte du dogme papal à ses auditeurs, si un tel dogme eût existé ?

Hilaire de Poitiers croyait-il le pape infaillible quand il écrivait sur le Pape Libère : «Je t’ai dit anathème, à toi Libère et à tes complices. Je te dis à nouveau anathème ; je te le dis une troisième fois, à toi, Libère, prévaricateur» (Fragment, dté par W.Gueltée, De la Papauté, op. cit., p. 69.) ?

Il faut rappeler qu’il y eut des papes de Rome qui furent condamnés par des Conciles pour hérésie. Citons la décision du VIème Concile Oecuménique relative à Honorius : «Ayant examiné les prétendues lettres dogmatiques de Sergius de Constantinople à Cyrus, et les réponses d’Honorius à Sergius, et les trouvant opposées à la doctrine des Apôtres, aux décrets des conciles et aux sentiments de tous les Pères, conformes, au contraire, à la fausse doctrine des hérétiques, nous les rejetons entièrement et les détestons comme propres à corrompre les âmes. En rejetant leurs dogmes impies, nous croyons aussi que leurs noms doivent être bannis de l’Eglise, savoir : de Sergius, autrefois évêque de cette ville de Constantinople, lequel a le premier écrit sur cette erreur ; de Cyrus d’Alexandrie ; de Pyrrhus, Paul et Pierre, évêques de Constantinople ; de Théodore, évêque de Pharan ; de tous lesquels le Pape Agathon a fait mention dans sa lettre à l’empereur et qu’il a rejetés. Nous les déclarons tous frappés d’anathème. Avec eux, nous croyons devoir chasser de l’Eglise et anathématiser Honorius, autrefois évêque de l’ancienne Rome, parce que nous avons trouvé, dans sa lettre à Sergius, qu’il suit en tout son erreur et qu’il autorise sa doctrine impie» (Session 13, Collection des Conciles du P. Labbé, t. 6.).

Enfin la vie même de saint Maxime le Confesseur présente une circonstance remarquable. On était venu lui dire que les cinq patriarcats étaient unis dans l’hérésie : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Et les envoyés de l’Empereur lui demandèrent avec qui il allait communier, persuadés que s’ils gagnaient Maxime, tous les orthodoxes d’Orient et d’Occident se rallieraient Que répondit-i! ? Dit-il qu’il marchait avec Rome ? Non, il répondit : «Aucune puissance ne pourra m’amener à faire ce que vous désirez». Si saint Maxime avait suivi l’infaillibilisme enseigné par le Catéchisme, toute l’Eglise serait devenue monothélite. La séparation d’avec l’évêque qui ne prêche pas la VERITE a toujours été une règle, un droit pour tout clerc, pour tout moine ou laïc.

 

La doctrine de l’infaillibilité risque d’anéantir la conscience morale.

En effet, il y a une contradiction à dire :

– d’une part : «Par sa raison, l’homme connait la voix de Dieu qui le presse « d’accomplir le bien et d’éviter le mal » (§ 1706) ; présente au coeur de la personne, la conscience morale lui enjoint, au moment opportun, d’accomplir le bien et d’éviter le mal (§ 1777 cf § 1776) ; l’être humain doit toujours obéir au jugement certain de sa conscience (§ 1800) ; l’homme ne doit pas être contraint d’agir contre sa conscience (§ 1782) ; présente dans le coeur de chaque homme et établie par la raison, la loi naturelle est universelle en ses préceptes et son autorité s’étend à tous les hommes (§ 1956) ; Dieu touche immédiatement et meut directement le coeur de l’homme 2002

– et d’autre part : «Il ne convient pas d’opposer la conscience personnelle et la raison à la loi morale ou au Magistère de l’Eglise» (§ 2039).

Par cette dernière phrase, 1a distinction entre «l’obéissance de la foi» et «l’assentiment religieux» (§§ 891-892) s’estompe. Le Magistère de l’Eglise est-il le critère ultime ? Est-il plus haut que Dieu qui parle directement à la conscience ?

Que les Catéchistes supposent que le Magistère ne donne jamais que de bons ordres, c’est leur droit ; même alors, la phrase «il ne convient pas d’opposer la conscience personnelle et la raison au Magistère de l’Eglise» ne peut être acceptée. «L’homme, écrit Wladimir Guettée, dans le domaine de l’intelligence, ne reconnaît réellement que Dieu pour maître. En dehors des vérités révélées, il conserve toute sa liberté, et c’est une impiété d’oser porter atteinte à cette liberté que Dieu a écrite dans le cœur de tout homme, comme le caractère nécessaire et sacré de tout être intelligent Sans la liberté, sans la noble indépendance de toute autre autorité que de celle de Dieu, dans le domaine de la pensée, l’homme ne serait plus homme ; sa conscience et sa raison seraient annulées ; il ne serait plus qu’un être passif que l’autorité formerait à son image, une table rase sur laquelle l’autorité écrirait ses principes… Les grands écrivains de l’antiquité chrétienne ont parfaitement compris les droits de la raison humaine, tout en respectant ceux de l’autorité. Qu’on lise le traité des Prescriptions de Tertullien, ou l’Avertissement de saint Vincent de Lérins ; l’on y trouvera toute la doctrine que nous venons d’exposer… La foi, appuyée sur une telle autorité, est bien cette obéissance raisonnable qu’exige saint Paul de tout fidèle : Rationabile obsequium» (W. Guetlée, La Papauté Hérétique, Paris, 1874, p. 271-272.). La faculté d’opposer la conscience personnelle et la raison nu Magistère simplement authentique de l’Eglise est la seule garantie d’une obéissance véritable, c’est-à- dire éclairée. Une obéissance aveugle et sans liberté, quand même elle ne porterait pas de fruits extérieurement mauvais, reste mauvaise. Car le bien n’est pas un bien s’il n’est pas bien fait Ne lit-on pas aussi : «Une obéissance aveugle ne suffit pas à excuser ceux qui s’y soumettent» (§ 2313). Le Catéchisme se corrige, on le voit, lui- même ; la contradiction est donc patente.

Les oustachis de la Seconde guerre mondiale suivaient un cardinal en communion avec le pape. Nos catéchistes les blâmeraient certainement de leurs crimes, l’extermination d’un peuple étant un péché mortel (§ 2313) ; mais un criminel pourrait répondre hypocritement : «J’entends vos blâmes et ma raison les approuve, mais j’ai cru qu’il ne convenait pas d’opposer ma conscience personnelle au Magistère de l’Eglise, représenté à l’époque et en ce lieu par Mgr Stepinac». La formulation du paragraphe 2039 est donc malheureuse, puisque des gens malintentionnés et de mauvaise foi pourraient s’en servir contre l’Eglise catholique elle-même.

 

La véritable infaillibilité

Pour les orthodoxes, l’Eglise seule, et non pas tel ou tel de scs organes, est infaillible -l’Eglise, en tant que Corps divino-humain du Seigneur Jésus-Christ qui est sa tête. Tel est le sens du dogme des deux natures défini par le IVème Concile Œcuménique de Chalcédoine en 451. En disant que le Christ était une Personne unique en deux natures, à la fois vrai Dieu et vrai Homme, «le même parfait dans la divinité, et le même parfait dans l’humanité», semblable à nous en tout sauf le péché, les Pères ont défini l’Eglise et notre rapport à elle. Aucun homme n’a reçu mission ni pouvoir pour légiférer au-dessus et en-dehors du Corps de 1 Eglise. Le non ex consensu Ecclesiae (c’est-à-dire sans avoir besoin du consentement de l’Eglise) qui définit l’infaillibilité du pape1, place ce dernier dans une position que nul n’occupe. Il n’y a rien au-dessus du consentement de l’Eglise, Corps du Christ : les deux natures sont unies sans confusion ni séparation.

«L’évêque est en même temps le maître et le disciple de ses ouailles» a dit l’évêque Innocent d’Alaska.

C’est bien à l’Eglise toute entière que le Christ a promis son assistance ; «Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde» (Mat. 28, 20), même s’il arrive que le nombre de ceux qui la composent sur terre soit réduit Quand saint Maxime commença la lutte contre le monothélisme, l’Eglise se réduisait au groupe infime formé par lui et ceux qui le suivaient L’important, pour chacun de nous, est de savoir où se trouve l’Eglise -surtout lorsque la structure officielle de celle-ci n’est plus qu’une coquille vide. Cela s’est produit plusieurs fois dans l’histoire, lors des grandes hérésies. Les croyants n’allaient plus aux liturgies, ils priaient chez eux. Cette attitude s’est vue au temps du monothélisme, au temps de l’iconoclasme et, plus près de nous, sous le communisme, en Russie, avec l’Eglise des catacombes.

L’Eglise latine place le croyant dans un faux dilemme : Ou bien le pape est infaillible, ou l’Eglise est faillible. Accepter la seconde hypothèse, c’est réduire l’Eglise à une société humaine ou à un parti politique. Décréter le pape infaillible, c’est mettre l’homme à la place du Dieu-Homme. L’Eglise orthodoxe ne connaît pas d’intermédiaire entre Dieu et l’homme : «Le Pasteur est au ciel, le troupeau sur la terre».

 

1 «Le Pontife Romain, quand il parle ex cathedra, c’est-à-dire, quand, remplissant la [onction de pasteur et docteur de tous les chrétiens, en vertu de sa suprême autorité apostolique, H définit une doctrine en matière de foi ou de mœurs comme obligatoire pour l’Eglise universelle, jouit, en vertu de l’assistance divine qui lui a été promise dans le bienheureux Pierre, de l’infaillibilité même que le divin Rédempteur a voulu conférer à Son Eglise dans ta définition des doctrines touchant la Toi ou les mœurs ; il s’ensuit que les définitions de ce genre faites par le Pontife Romain sont irréformables par elles-mêmes, cl non par le consentement de l’Eglise» (Concile de Vatican I, 4ème session).

              

 

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Le pape Jean XXII était-il hérétique ? – + Archidiacre + · 24 novembre 2020 à 10 h 38 min

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