Nous avons déjà mentionné que le célébrant se préparait spirituellement et corporellement : il jeûne, il veille, il prie. La préparation de chaque fidèle doit être semblable. Le corps, comme l’âme, doit se préparer à participer à l’Offrande eucharistique pour recevoir en lui le grand Visiteur, le Christ. Le corps ne saurait être un spectateur passif de la divine liturgie, mais il participe activement à sa célébration.

L’apôtre Paul dit que notre corps est le temple du Saint-Esprit, et il nous exhorte à glorifier Dieu dans ce temple : Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu (1 Co 6, 20). Réellement, dans la divine liturgie, le corps du fidèle devient le lieu où est glorifié le Seigneur. En mouvement ou non, en paroles ou en silence, nous glorifions le Seigneur.

À ce moment, le prêtre et le diacre se signent et se prosternent trois fois. Il y a deux sortes de prosternations ou métanies: les petites (dont il est question ici) et les grandes. Par les petites, en faisant le signe de Croix, nous nous inclinons devant le Seigneur ou devant les saints. Par les grandes, appelées aussi génuflexions, nous nous prosternons à terre. Ce faisant, la créature vénère humblement la majesté du Créateur.

L’évangéliste Jean, décrivant la liturgie du Royaume, dit que lorsque l’Agneau, c’est-à-dire le Christ, prit le livre scellé, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or remplies d’encens, qui sont les prières des saints, qui chantaient un cantique nouveau (Ap 5, 8-9). Les quatre animaux, selon les exégètes, symbolisent le monde des anges et les vieillards, l’Eglise triomphante. Donc, ensemble avec les anges et les saints, nous, fidèles qui luttons sur terre, adorons l’Agneau, qui par Son sacrifice nous a élevés jusqu’au Trône de Dieu. Nous nous prosternons à terre, appuyant le front sur le sol, devenant une terre bonne et propice pour recevoir le Christ (Le 8, 8).

Le corps coopère à l’adoration de Dieu. Saint Grégoire Palamas, répondant à l’hérétique Barlaam qui affirmait que les énergies conjuguées de l’âme et du corps deviennent un obstacle à la prière, écrit : « On pourrait donc dire à celui qui suggère ces choses que celui qui s’applique à la prière intérieure ne doit plus ni jeûner, ni veiller, ni fléchir le genou, ni se prosterner à terre, ni surtout se tenir debout, ni rien faire de tel. » Et cependant, continue le saint, lorsque nous nous appliquons à la prière, « nous avons quoi qu’il en soit besoin de la peine corporelle qui vient du jeûne, des veilles et des autres pratiques semblables».

Par la peine corporelle, notre prière fructifie. Vois mon humilité et ma peine, et remets tous mes péchés (Ps 24, 18), disons-nous au Christ. Et les métanies expriment par excellence la peine et l’humilité.