Nous fidèles avons tous pour Père commun le Seigneur, et sommes membres de Sa famille spirituelle, l’Église. Avec les yeux de l’amour nous serrons nos frères dans nos bras, aussi loin soient-ils, et nous supplions le Seigneur pour eux. « Tels sont les yeux de l’amour: ni l’éloignement ne les gêne, ni le temps ne les flétrit. » L’amour est « source de feu », et il « a l’essor de la flamme », c’est-à-dire qu’il imite le mouvement rapide de la flamme. L’amour parcourt le monde entier, s’étend au monde entier.
Dans la même demande, nous demandons au Seigneur de jouir des fruits de Sa paix : la prospérité des Églises locales, l’unité de tous dans Sa vérité. La paix a pour fruit la prospérité des saintes Eglises de Dieu. Dans la paix de Dieu, le navire de l’Église navigue stablement vers le port non agité du Royaume. C’est pour cette raison que, dans la divine liturgie, nous demandons : « Souviens-toi, Seigneur, de Ton Église Sainte, Catholique et Apostolique… pacifie-la… Par la puissance de Ton Esprit saint, hâte-toi de mettre un terme aux révoltes des hérésies… Accorde-nous Ta paix et Ton amour, Seigneur notre Dieu ».
Le fruit de la paix est l’unité en Christ. La paix « est la force qui unit toutes choses, qui engendre et qui produit toute concorde et toute cohésion’ ». L’apôtre Paul souligne également la force unifiante de la paix. Il écrit : frères, conservez l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Ep 4, 3). Réellement, « il ne peut y avoir unité de l’Esprit dans l’inimitié et la discorde… L’apôtre Paul écrit cela car il veut que les fidèles soient unis les uns aux autres. Il ne nous demande pas seulement de vivre en paix, de simplement nous aimer, mais d’être tous un, une seule âme: ».
La confusion et le bruit, principalement comme états intérieurs de l’homme, disloquent l’intellect. « L’esprit agité ne saurait en aucune façon s’unir à Dieu… De même que la paix unifie la multitude, de même l’agitation fait de l’individu une multitude », c’est-à-dire qu’il le divise. La paix nous unit entre nous, elle nous unit aussi avec Dieu. C’est pour cette raison que nous demandons au Seigneur : « Seigneur, Tu nous as donné la paix, la concorde entre nous. Donne-nous aussi la paix, l’unité indivisible avec Toi, afin qu’étant en paix avec le Saint-Esprit que Tu plaças en nous lorsque au commencement Tu nous créas, nous soyons inséparables de Ton amour. »
Par ce lien de la paix aimante, saint Jean Chrysostome nous exhorte à nous unir entre nous et avec Dieu. « Noble lien ! Servons-nous-en pour nous unir entre nous et avec Dieu. » Ce lien ne tourmente pas ceux qu’il lie. Il ne les gêne pas. Au contraire, il leur donne de se sentir plus libres que « ceux qui sont en liberté », et leur « apporte beaucoup d’aisance ». Unis les uns aux autres par le lien de la paix et de l’amour, nous, fidèles, parvenons, par la divine liturgie, à l’espace de l’amour de Dieu.