La foi, la crainte de Dieu et l’amour constituent la manière avec laquelle nous devons nous approcher du calice de la vie et communier au Christ.
La foi est le point de départ de la vie en Christ. C’est de la foi que nous naissons en Christ, et c’est par la foi que nous existons et vivons en Christ. « Toute l’économie, avec la condescendance du Fils de Dieu, a été accomplie pour vous rendre, en vertu de la foi en Lui et de l’observation de Ses commandements, participants de Son Royaume et de Sa Divinité. »
La foi consiste « à s’attacher à ce que nous ne voyons pas comme si nous le voyions ». Dans la divine liturgie, le fidèle voit le Christ qui est invisiblement présent. « Le Corps même est devant nous… Non seulement pour que nous Le touchions, mais pour que nous le mangions et que nous nous en emplissions. Allons donc, mes frères, toucher aussi nous-mêmes la frange du vêtement de Jésus-Christ, ou plutôt, si nous le voulons, allons posséder Jésus-Christ tout entier. Car nous avons maintenant son corps entre nos mains. Ce n’est plus Son seul vêtement. C’est son propre corps qu’il nous donne, non pour Le toucher seulement, mais pour Le manger et pour en nourrir nos âmes. Approchons-nous-en donc avec une foi fervente, nous tous qui sommes malades. Si ceux qui touchèrent alors la frange de Son vêtement (Mt 14, 36; Le 8, 46-47) en ressentirent un si merveilleux effet, que doivent attendre ceux qui le reçoivent tout entier? Mais pour s’approcher de Jésus-Christ avec foi, il ne suffit pas de Le recevoir extérieurement. Il faut encore le toucher avec un cœur pur, et savoir, lorsqu’on s’en approche, qu’on s’approche de Jésus-Christ même. »
De la foi naît la crainte de Dieu lorsque le cœur est libre des soucis terrestres. Abba Isaac écrit que « la crainte de Dieu est le commencement de la vertu. Comme on l’a dit, elle naît de la foi et elle est semée dans le cœur de homme lorsqu’il retire sa pensée des distractions du monde ».
La crainte de Dieu est double: « L’une naît en nous des menaces du châtiment, et elle engendre dans l’ordre la tempérance, l’espérance en Dieu, l’impassibilité, d’où vient l’amour. L’autre est liée à cet amour. Elle porte toujours dans l’âme la piété, pour que, par la liberté de l’amour, on n’en vienne pas à mépriser Dieu. »
Lorsque l’homme atteint cet état, il ne craint rien d’autre que de tomber des hauteurs de l’amour. Aussi, après avoir communié au Christ, qui est l’Amour, nous Lui demandons : Ajfermis-nous dans Ta crainte Nous demandons la crainte que possède l’âme du parfait dans la vertu : « Voilà celui qui possède l’amour véritable… et cet amour le porte à la crainte parfaite. Car il craint et il garde la volonté de Dieu, non plus à cause des coups, ni pour éviter le châtiment, mais parce qu’ayant goûté la douceur d’être avec Dieu… il redoute de la perdre, il redoute d’en être privé. Cette crainte parfaite, née de cet amour, bannit la crainte initiale. Et c’est pourquoi saint Jean dit que l’amour parfait bannit la crainte (1 Jn 4, 18) »
Lorsque l’homme ressent que son cœur déborde de l’amour pour le Christ, il ressent la nécessité de communier et de s’unir avec l’Amour. Le moment où l’homme reçoit en lui le Seigneur est le mouvement de l’amour divin qui est offert et de l’amour humain qui s’approche pour recevoir l’offrande. Le Saint Corps et le saint Sang du Christ sont l’amour éternel. Saint Ignace le Théophore dit: « C’est le Pain de Dieu que je veux… et pour boisson je veux Son sang, qui est l’amour incorruptible’’. » Le Christ « ne s’est pas contenté de devenir homme, d’être souffleté et immolé, mais il a voulu aussi se mêler à nous de telle sorte qu’il nous transforme en Son propre corps, non pas seulement selon la foi, mais aussi en réalité’ ». Le Christ « souhaite venir dans nos cœurs par le moyen de ce Mystère… Ô amour réellement divin et inexorable! Ou plutôt, ô flammes de l’amour qui montent jusqu’au Ciel’! ».
Les saints Pères nous implorent de répondre à cet amour divin : « Consacre-toi tout entier à Dieu par ce Mystère, recevant avec amour ce Jésus aimé qui, par Son amour extrême, a disposé un tel Mystère aimé, afin qu’une union céleste et d’amour prenne place entre Dieu qui aime et toi qui as été aimé. »
Nous montrons notre amour et notre gratitude envers notre Bienfaiteur, et de nouveaux dons nous inondent. Nous goûtons déjà au Royaume céleste.
« Aimons le Christ comme il convient de L’aimer. Notre amour même pour Lui est la grande récompense [que Dieu nous offre] : cet amour est le Royaume de Dieu et le plaisir. C’est la joie, la gloire et l’honneur. C’est la lumière. C’est là cette félicité infinie que la langue ne peut exprimer ni l’esprit comprendre. » « Le Paradis est l’amour de Dieu… Quand nous avons trouvé l’amour, nous sommes nourris du Pain céleste… Celui qui a trouvé l’amour mange le Christ chaque jour et à toute heure, et il en devient immortel… Bienheureux celui qui mange le Pain de l’amour, qui est Jésus! (Jn 6, 58)… L’amour est le Royaume. C’est de cet [amour] que le Seigneur a mystérieusement promis à Ses apôtres qu’ils se nourriront dans Son Royaume : Mangez et buvez à la table de mon Royaume (Le 22, 29-30). De quoi s’agit-il, sinon de l’amour? Car l’amour est capable de nourrir l’homme à la place d’aliments et de boisson. Il est le vin qui réjouit le cœur de l’homme (Ps 103, 15). Bienheureux celui qui boit de ce vin! »
La divine liturgie est le Royaume de Dieu, et la nourriture au Banquet du Royaume est l’amour. Par le repentir et la crainte de Dieu, nous traversons la mer de cette vie et nous arrivons à l’amour. « Le repentir est le navire; la crainte est son pilote, et l’amour est le port divin. La crainte nous embarque donc sur le navire du repentir, elle nous fait traverser la mer de cette vie et nous amène au port divin, qui est l’amour, vers lequel se dirigent tous ceux qui, par le repentir, se donnent de la peine et portent leur fardeau (Mt 11, 28). Et quand nous serons parvenus à l’amour, nous serons parvenus à Dieu »