Le diacre dit au prêtre : Romps, Maître, le saint Pain.Le prêtre rompt l’Agneau en quatre parties, en disant : Est rompu et partagé l’Agneau de Dieu; rompu et non divisé; toujours mangé, et jamais épuisé; sanctifiant ceux qui y communient.

 

Lors de la première divine liturgie qu’il célébra sur la Terre, le Christ rompit le Pain et le donna à Ses disciples en disant: Prenez, mangez, ceci est mon Corps qui est rompu pour vous ( 1 Co 11,24). Cet acte du Seigneur est répété à chaque liturgie et est appelé la Fraction du Saint Corps : le célébrant rompt l’Agneau de Dieu en quatre parties. Il les dispose en forme de croix sur le discos, et après avoir lui-même communié, il donne la communion aux fidèles.

Cette « fraction du Pain manifeste l’immolation du Précieux », c’est-à-dire du Christ. Lors de la Crucifixion, les soldats n’ont pas brisé les saints membres du Christ, comme ils l’ont fait aux brigands crucifiés avec Lui, afin que l’Ecriture fût accomplie: Pas un os ne Lui sera brisé (Jn 19, 36; Ex 12, 10). Dans le Sacrifice liturgique, cependant, le Seigneur est fractionné et est offert aux fidèles. Saint Jean Chrysostome souligne : « Ce que le Christ n’a pas souffert sur la Croix, Il le subit dans l’offrande pour toi, et Il supporte d’être rompu afin que tous soient rassasiés. »

La fraction est, par excellence, l’acte qui manifeste le Christ : c’est dans la fraction du pain (Le 24, 35) que les deux disciples L’ont reconnu à Emrnaüs, et c’est par ce nom que les premiers chrétiens désignaient la divine Eucharistie (Ac 2, 42; 20, 7). Par la fraction du Pain, « le Christ indivisible est divisé et partagé pour nous, afin que nous devenions tous participants à Lui. Et tandis qu’il est indivisible, Il est divisé pour nous, nous unissant avec Lui-même et nous Elisant un, comme II l’a souhaité » dans Sa prière à Dieu le Père (Jn 17, 11).

Le Christ est vraiment Celui qui est, Auquel tous communient, sans qu’il soit cependant diminué par la participation des communiants. Il est « Celui qui est partagé par tous, mais ne subit pas de diminution du fait de cette participation. » « Supposons un foyer où l’on allume des dizaines de milliers de flambeaux, et encore deux fois plus ; ce feu ne demeure-t-il pas intégralement le même après avoir transmis son énergie à tant de flambeaux ? » Le Christ est la source du feu spirituel qui, « après avoir donné aux autres, ne souffre aucune diminution, mais II prodigue Ses biens, toujours II les répand, demeurant dans la même perfection ».

Le Christ est fractionné, mais n’est pas divisé. Après la fraction, chaque partie du saint Pain est le Christ tout entier. « Il est distribué, mais reste indivisé et non rompu. Il est trouvé et reconnu entier dans chaque partie séparée qui est détachée. » Nous tous qui participons dignement à la Table sacrée, nous recevons le Christ entier, qui nous remplit entièrement. « De telle sorte que ceux [qui reçoivent la communion] peuvent être dieux et recevoir ce nom par la grâce de l’adoption, à cause de Dieu qui, tout entier, les a totalement emplis de Lui-même et n’a laissé en eux aucune place vide de Lui-même ».

Le Christ se trouve en chacun de nous. Il se trouve tout entier dans toute la sainte Église, dans toutes les longueurs et les largeurs de la Terre et dans tous les siècles.

De Sa plénitude, nous avons tous reçu (Jn 1, 16). Nous recevons la plénitude de la Vie et nous constituons la sainte Eglise, laquelle est Son Corps, la plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout (Ép I, 23). Les nourritures matérielles sont par nature toujours épuisables. Mais l’Agneau de Dieu est toujours mangé, et jamais épuisé. Son sacrifice est « inépuisable ». Car c’est la nourriture inépuisable de la Vie et de l’Amour divins infinis.