Le prêtre plonge la lance dans le bord droit de l’empreinte du sceau, et dit en tranchant: Comme une brebis, il fut mené à l’immolation. Du côté gauche: Comme un agneau sans tache, muet devant celui qui le tond, ainsi il n’ouvre pas la bouche.

Le long du bord supérieur: En son humilité, on lui a refusé toute justice.

Le long du bord inférieur: Et sa génération, qui la racontera ?

Le diacre : Elève, Maître.

Le prêtre enlève l’Agneau en disant : Car Sa vie est enlevée de la Terre.

Puis il dispose l’Agneau sur le discos.

 

Le célébrant détache maintenant l’Agneau de la prosphore et le place sur le discos en récitant la prophétie d’Isaïe qui se réfère à la Passion du Christ. Le prêtre, avec la lance, grave sur l’Agneau d’une certaine façon « la Passion et la mort du Christ », car ce que le prêtre fait maintenant « est comme un récit en action de la Passion et de la mort du Christ ».

 

  • Comme une brebis, il fut mené à l’immolation

Cette phrase du prophète Isaïe se rapporte à la Passion, lorsque le Christ « s’offre comme un sacrifice et une offrande à Dieu pour nos péchés. Il est appelé Agneau de Dieu (Jn 1, 29) et brebis (Is 53, 7) ». Il est l’Agneau immaculé qui est sacrifié pour la brebis perdue, l’homme (Mt 18, 12).

Le sacrifice du Christ sur la Croix fut préfiguré dans la Pâque judaïque par l’immolation de l’agneau. Les Juifs utilisaient l’agneau comme un animal sacrificiel « en raison de son innocence, et parce que la toison était le vêtement de l’antique nudité [des premiers créés, après la désobéissance]. En outre, le Christ, la victime sacrifiée pour nous, est et est appelée vêtement d’incorruptibilité » (cf. Rm 13, 14). La nudité du Maître sur la Croix vivifiante est devenue le vêtement d’incorruptibilité de l’homme.

  • Comme un agneau sans tache, muet devant celui qui le tond, ainsi il n’ouvre pas la bouche.

Le silence du Christ lors de la Passion signifie qu’il a accepté volontairement Sa crucifixion : Je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même (Jn. 10, 17-18). Le Christ, par Sa propre volonté, « a enduré la Croix pour nous. Car II s’est offert Lui- même, comme une sainte victime, à Dieu le Père ».

Le Christ se tait devant les grands-prêtres et devant Hérode (cf Mt 26,63 et Le 23,9). Il se tait devant Pilate: Jésus ne lui fit aucune réponse (Jn 19, 9). Mais Pilate interprète Son silence comme le mépris à l’égard de sa propre personne. « Car il ne comprenait aucunement le mystère du silence du Christ. »

  • En son humilité, on lui a refusé toute justice

Le silence et l’humilité du Christ ont servi de prétexte à ce qu’il fût privé de la justice: le jugement Lui a été refusé. Et l’injuste sentence de condamnation a mené le Christ sur la Croix.

Par l’incarnation, le Christ s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix (Ph 2, 7-8). Depuis le trône paternel, le Christ chemina sur la voie de l’humilité et arriva jusqu’à la Croix. « Plus sa dignité était sublime, plus son humilité a été profonde… Quel mystère ineffable qu’il se fasse esclave! Je sens que les expressions me font défaut. Mais qu’il subisse volontairement la mort, c’est plus grand. Or, il y a quelque chose de plus grand et de plus merveilleux encore. Qu’est-ce donc?… C’est la mort sur la Croix… Une mort honteuse et maudite. Maudit est quiconque, disait l’Écriture, qui est pendu au bois » (Dt 21, 23; Ga 3, 13).

Le Christ est l’Amour. Depuis le sommet de la Croix, Il a montré la hauteur de l’amour et la profondeur de l’humilité.

  • Et sa génération, qui la racontera ?

Par le mot génération, le prophète Isaïe comprend le mystère de l’engendrement pré-éternel du Christ. On se demande: « Qui pourrait, ne serait- ce qu’un tant soit peu, exposer le mode d’existence de l’Unique engendré? Quelle langue peut raconter la génération ineffable du Fils par le Père? »

 

Que le Christ fût né du Père, « nous le savons et nous croyons. Mais le mode de Sa génération est un mystère inaccessible à toute intelligence ».

 

  • Car Sa vie est enlevée de la Terre

Le prêtre détache l’Agneau et le place sur le discos. Ce mouvement nous rappelle la parole du Christ : Et moi, lorsque j’aurai été élevé de la Terre, j’attirerai tous les hommes à moi (Jn 12, 32).

Le sacrifice du Christ a été offert pour tout l’univers. Saint Jean Chrysostome écrit: « Pourquoi est-il immolé sur un gibet élevé et non sous un toit ?… Parce que la nature de l’air a été purifiée lorsque le Christ, l’Agneau, fut crucifié dans les hauteurs. La terre le fut également, car elle était arrosée par le sang qui coulait de Son côté… Ce fut en dehors de la ville et des murailles, pour nous apprendre que c’était un sacrifice universel, une offrande pour la Terre entière. » L’agneau pascal était sacrifié par les Juifs secrètement et exclusivement pour eux-mêmes. Le Christ ouvre Ses bras sur la Croix afin d’embrasser et de sanctifier l’univers tout entier: « Tu as étendu Tes mains sur la Croix, ô Miséricordieux, Tu as rassemblé les nations qui s’étaient éloignées de Toi, afin de glorifier Ta grande bonté. » Lorsque l’apôtre Philippe s’approcha du char appartenant au ministre de la reine des Ethiopiens, celui-ci lisait les paroles du prophète Isaïe que le célébrant vient de réciter. A cette occasion, l’apôtre, commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus (Ac 8, 32-35). Maintenant, le célébrant en utilisant les mêmes paroles tirées d’Isaïe, commence la bonne nouvelle de l’office eucharistique du Christ.