Le prêtre (à voix forte) : Entonnant l’hymne de victoire, chantant, criant, clamant et disant :
Le chœur: Saint, saint, saint est le Seigneur Sabaoth. Le Ciel et la Terre sont remplis de Ta gloire. Hosanna an plus haut des deux. Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux.

Le sceau que nous appliquons sur les prosphores – le pain de l’oblation destiné à la divine liturgie – porte les lettres IE XE NI KA, signifiant « Jésus-Christ vainc » et annonce la victoire du Christ. Et l’hymne que nous chantons en offrant la prosphore exalte aussi cette victoire, et c’est pourquoi nous l’appelons l’hymne triomphale. C’est l’hymne de triomphe et de profonde gratitude au Seigneur des pouvoirs angéliques, qui est « l’incorruptibilité qui a conquis la mort ».
L’hymne de victoire associe l’hymne angélique, qu’entendit Isaïe lorsqu’il fut appelé à la dignité prophétique, et celui avec lequel le peuple accueillit le Dieu-homme dans la Ville sainte, « alors qu’il y venait pour Sa Passion volontaire ». En chantant cette hymne lors de la divine liturgie, nous imitons les anges et en même temps le peuple de la Ville sainte. Nous louons et glorifions le Triple Soleil de la souveraineté du Seigneur, et nous recevons « le Roi des rois », qui « vient pour être immolé et être donné en nourriture aux fidèles ».
Saint Jean Chrysostome compare Xhymne de victoire que nous chantons à la divine liturgie et le cantique de victoire que chantèrent les Juifs lorsqu’ils furent libérés de la tyrannie des. Egyptiens. La comparaison montre que le cantique de victoire « est bien au-dessus du leur… Ce n’est pas la défaite de Pharaon, mais celle du diable… Ce ne sont pas des armes sensibles dont on s’est emparé, mais c’est le mal qui a péri… Ce n’est pas nous qui nous dirigeons vers la Terre promise, mais nous quittons la Terre pour le Ciel. Nous ne mangeons pas la manne, mais nous nous nourrissons du corps du Maître. Nous buvons, non pas l’eau qui coule du rocher, mais le sang qui jaillit du côté du Christ ».

Le sens de l’hymne de victoire sur les lèvres des Puissances angéliques, comme elles le chantaient autour du saint trône de Dieu, était double. C’était une doxologie au Dieu Trinitaire et, en même temps, une prophétie : « Ce chant n’est pas seulement une louange, mais une prophétie des biens que recevra la Terre… Toute la Terre est remplie de Sa gloire (Is 6, 3)… Quand donc la Terre a-t-elle été remplie de sa gloire ? Lorsque cette hymne est descendue sur terre, lorsque les hommes ont chanté avec les puissances célestes et qu’ils riont plus fait entendre qu’un même chant, retentir qu’une même louange. » Sur nos propres lèvres, la signification de l’hymne de victoire est analogue. C’est une doxologie pour la victoire du Christ qui s’est déjà réalisée, et une prophétie sur la seconde et dernière venue du Vainqueur. C’est la bonne nouvelle de la venue finale du Fils de l’homme, précédée de la Croix, signe de Sa victoire : « Alors, toutes les nations et tous les peuples de tous les siècles se prosterneront devant Lui, offriront le culte sans émettre d’objection, et il existera une merveilleuse symphonie de louange; les saints chanteront des hymnes, comme ils l’ont toujours fait, tandis que les impies feront des supplications par nécessité. Alors, réellement, l’hymne triomphale sera chantée par tous d’une même voix: par les vainqueurs et par les vaincus. »
De même que le Christ vainqueur est Celui qui est, qui était, et qui vient (Ap 1, 4), Sa victoire a existé, existe et existera sans interruption. De la même façon, l’hymne de célébration de Sa victoire sera chantée imperturbablement. Dans la liturgie céleste, il y aura un mouvement constant des anges et des hommes autour de Dieu, lesquels loueront la Divinité une en trois personnes.