L’hymne trois fois sainte est la manifestation de l’unité du Ciel et du monde terrestre. Les anges et les hommes glorifient ensemble le Seigneur.
Parlant de l’hymne de victoire, saint Jean Chrysostome demande:

« Reconnaissez-vous cette voix ? Est-ce la nôtre ou celle des séraphins ? C’est à la fois la nôtre et c’est celle des séraphins, car le Christ a détruit le mur de séparation de l’inimitié (Ép 2, 14) ; il a fait régner la paix sur la Terre et dans les Cieux (Col 1, 20)… D’abord cette hymne n’était chantée que dans le Ciel ; mais quand le Seigneur eut daigné descendre sur la Terre, Il nous a apporté cette mélodie. Voilà pourquoi l’évêque, quand il se tient debout à cette table sainte… ne se contente pas de nous inviter à pousser cette acclamation: il commence par nommer les chérubins, par faire mention des séraphins, puis il nous exhorte tous à unir nos voix dans ce cri qui provoque tant de crainte et de tremblement; après avoir élevé notre pensée au-dessus de la Terre, en nous rappelant ceux qui chantent avec nous, on dirait qu’il crie à chacun de nous: tu chantes avec les séraphins, tiens-toi debout avec les séraphins, avec eux déploie les ailes, avec eux voltige autour du trône royal. »

Dans la liturgie du Royaume, les ordres angéliques apparaissent comme
quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est semblable à un veau, le troisième être vivant a la face d’un homme, et le quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole. Les quatre êtres vivants ont chacun six ailes, et ils sont remplis d’yeux tout autour et au-dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit: Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est, et qui vient! (Ap 4, 6-8).
Les quatre animaux aux nombreux yeux symbolisent les Puissances angéliques et toute la création. Le roi des oiseaux (l’aigle), le roi des animaux domestiques (le bœuf), le roi des animaux sauvages (le lion) et le roi de la création (l’homme) chantent jour et nuit l’hymne triomphale au Seigneur tout-puissant: « chantant est l’aigle; criant est le bœuf; clamant est le lion; disant est l’homme ». La création entière participe à la glorification de Dieu.

Le Ciel et la Terre se sont maintenant unis. Les anges, les hommes et la création matérielle, le monde intelligible, rationnel et matériel chantent ensemble l’hymne de la victoire du Dieu-homme :

« Il est vraiment digne et juste, approprié et salutaire de Te louer, de Te chanter… Toi que chantent les Cieux et les Cieux des Cieux et toutes leurs puissances, le Soleil et la Lune et tout le chœur des étoiles, la terre, la mer et tout ce qui y vit, la Jérusalem céleste, l’assemblée des élus, l’Église des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les Cieux, les esprits des Justes et des Prophètes, les âmes des Martyrs et des apôtres, les anges, les archanges, les Trônes et les Dominations, les Principautés et les Autorités et les redoutables Puissances, les chérubins aux innombrables yeux et les séraphins aux six ailes… avec des lèvres qui ne cessent [leur hymne] et des théologies qui ne sont jamais silencieuses, chantant l’hymne de victoire à Ta gloire majestueuse avec une voix vibrante, clamant, glorifiant, criant et disant : Saint, saint, saint est le Seigneur Sabaoth. »

Ceux qui ont des sens spirituels peuvent percevoir la participation de toute la création dans l’hymne de louange. Nous lisons dans le Pré Spirituel que, au mont Sinaï, la montagne où Dieu marcha, « le jour de la Pentecôte, une liturgie était célébrée sur la sainte cime. Lorsque le prêtre a dit: “Chantant l’hymne de victoire à Ta gloire majestueuse avec une voix vibrante’’, toutes les montagnes ont répondu d’un rugissement terrible, répétant trois fois : Saint, saint, saint. Ce rugissement et son écho durèrent environ une demi-heure. Cependant, ce rugissement n’a pas été entendu par tous, mais par ceux seuls qui avaient des oreilles pour entendre (Mt 11, 15) l’hymne des anges »